Raison d'état ?
Il arrive parfois, mais normalement pas trop souvent dans des démocraties, que des événements majeurs imposent des restrictions des droits individuels.
A dire vrai, nous en avons vécu quelques exemples récemment avec la "crise du Covid" : assignation à résidence, laissez-passer obligatoire pour sortir de chez soi quelques minutes, couvre-feu, pass sanitaire et contrainte vaccinale...
Si on nous l'avait annoncé à l'avance, peut-être y aurait-il eu des mouvements d'opposition, de protestation. Mais comme les choses nous sont tombées dessus par surprise, avec le soutien des forces de l'ordre, nous nous sommes soumis : c'était sans doute la "raison d'Etat".
Et puis, les choses sont "rentrées dans l'ordre", et nous avons commencé à oublier.
Dernièrement, j'ai entendu une étrange nouvelle, un de ces trucs pour lesquels nos gouvernements aussi bien que nos medias n'ont généralement pas de mots assez durs pour flétrir d'infamie les pays qui osent mettre en œuvre de telles actions. En effet, il s'agit de rien de moins que d'un projet de déplacement de populations basé sur des critères socio-économiques. Comment, vous n'en avez pas entendu parler ? Ah, oui, bien sûr, puisque c'est chez nous, en France que cela se prépare.
Mais bien sûr, il y a d'excellentes raisons à ce projet : des raisons esthétiques. Car les personnes à déplacer ne sont que des êtres inférieurs, des clochards, sdf, migrants, pauvres types et autres sans-droits que des successions de gouvernements n'ont jamais pu remettre dans un droit chemin et qui font tache dans le paysage urbain de la Ville lumière, notre belle capitale qui doit recevoir dans quelques mois les Jeux Olympiques.
Alors, tant pis si les personnes "à déplacer" n'ont plus que des liens ténus avec la société environnante (un peu d'accompagnement social, un peu de suivi médical, quelques personnes qui les connaissent…) et que les éloigner fera perdre ce peu qui reste, ce peu qui souvent est le résultat d'un patient travail.
Et tant pis pour les "Droits de l'homme", puisque ces personnes n'ont pourtant commis aucun délit pour lequel ils auraient été condamnés à un exil intérieur.
C'est sans doute, là encore, la "raison d'Etat" qui préside : il y aura de beaux JO bien propres et bien coûteux, tandis que, par un effet digne des "villages de Potemkine", les exilés de Paris iront encombrer les services médicaux-sociaux en Province avant de revenir squatter les trottoirs et les ponts de Paris.
Je doute que St Jean Chrysostome, qui élevait la voix contre les dépenses somptuaires et inutiles et en appelait sans répit aux riches en faveur des plus pauvres, je doute vraiment qu'il n'eut rien trouvé à redire contre ce terrible tour de passe-passe. Mais il n'y aura pas de St Jean Chrysostome.