L'asperge me domine.

Publié le par Albocicade

"L'asperge me domine.C'est par ces mots, involontairement surréalistes, qu'un présentateur radio d'une émission musicale aurait introduit un chant liturgique grégorien,  le célèbre "Asperges me, Domine !"[1]

Rien à voir, donc, avec le doux légume dont c'est actuellement la saison.

Mon billet non plus, d'ailleurs, sauf, là aussi, une assonance, une proximité dans le mot.

 

A dire vrai, ce dont je veux parler est difficile à aborder : peu connu, et surtout mal connu ; connu par des sortes de caricatures. Caricatures bienveillantes, certes, mais caricatures tout de même.

Parce que, non, celles et ceux qui ont le syndrome d'Asperger ne sont pas des bêtes de foire à la Rain Man. Et si le syndrome d'Asperger fait effectivement partie des "troubles du spectre autistique", il n'y a que peu de rapport entre ceux qui n'ont pas ou peu accès au langage, à l'apprentissage, et ceux qui mènent une vie "normale", et ne sont détectés que tardivement, souvent après la fin des études.

En fait, il y a des points communs... Le plus "apparent" étant la difficulté à entrer en relations avec les autres. Mais est-ce vraiment apparent ? Il y a des gens, comme ça, qui semblent bizarres simplement parce qu'ils ne se mêlent pas aux bavardages futiles. Le problème, c'est qu'ils ont toujours été "bizarres". A l'école, au collège... leur difficulté à entrer en relation avec les autres en a souvent fait des têtes de Turc. Alors, ils s'isolent un peu plus, paraissent encore plus "bizarres". Souvent plutôt bons élèves, parce qu'ils aiment bien faire les choses, ils passent pour des "intellos"... ce qui n'est pas un compliment dans les cours d'écoles. Alors, l'isolement s'accentue... être seul, c'est moins "risqué", de toutes façons. Mais bien sûr, on les traite de cinglés... eux même se demandent si, au fond... Du coup, de mal-être en malaise, il y a souvent un terrain dépressif qui s'installe. Et la bonne volonté brouillonne et brusque des gens bien intentionnés qui veulent les aider à "se secouer" n'apporte rien... au contraire. Et, pour le dire simplement, les "professionnels" – qu'ils soient psychologues, psychiatres ou autres – sont formés à "traiter" le malaise, mais pas nécessairement à voir que la cause pourrait bien être plus profonde, plus ancrée... une différence avec laquelle il faut apprendre à vivre.

Bon, je raconte mal... comme j'ai dit au début, c'est difficile à aborder.

Alors, j'ai juste envie de recommander une BD que Dame mon épouse a ramenée à la maison (elle fait des trucs comme ça, des fois) et que j'ai trouvé fort juste. Précisément celle dont j'ai mis la jaquette en illustration : "La différence invisible".

Parce que ça peut être bien de connaître un peu aussi cela, non à travers des caricatures, ou des clichés, mais à travers un témoignage, simplement.

 

NB : Avant que quelque lecteur se demande si, derrière le jeu de mot du titre, il n'y aurait pas quelque aveu personnel... non, je ne parle pas de moi, dans ce billet.

 

Petite note pour les non-latinistes :

[1] Ce qui se prononce "Aspèguès mé, Dominé", et provenant du "Miserere" (Psaume 50.9  de la Vulgate, Ps 51, heb) signifie "Tu m'aspergeras, Seigneur" et je serais purifié...

Publié dans Cigale sociale

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