Portement de bois

Publié le par Albocicade

bucheron bon
 
Si l'année dernière fut celle du peuplier, cette année sera celle du chêne.
La difficulté, lorsqu'on ne possède pas de terrains boisés, c'est bien sûr de trouver de quoi se chauffer pour l'hiver. Et force était de constater que, l'été finissant, je n'avais du bois que pour un mois et demi au maximum.
Aussi, lorsqu'un ami – à qui j'en avais parlé – m'a proposé du chêne coupé depuis plus de deux ans sur un terrain "un peu difficile d'accès", je n'ai pas hésité une seconde.
Effectivement, c'est "un peu" difficile d'accès.
Après un chemin de terre (tout à fait carrossable), il faut monter dans un pré, puis se garer en bord de champs. Ensuite, tronçonneuse à la main, gagner l'endroit où débiter les troncs, qu'il faudra finalement ramener à la voiture.
Quand c'est en haut de la pente, il me "suffit" de lancer chaque tronçon quatre ou cinq fois, jusqu'à un endroit où je peux les débiter à une dimension correspondant à mon insert.
Quand par contre c'est dans le petit vallon sur le côté, alors là, il porter chaque tronçon à dos d'âne. Entre cinquante et cent mètres, à mi-pente… et l'âne, c'est moi.
Et me voilà, ahanant sur une trace improvisée, portant un à un ces tronçons de plus de 2 mètres.
Chacun est une promesse de chaleur à la maison.
 
Un, pourtant, me parla d'autre chose.
J'avais dû le couper trop long, du moins en fonction de son diamètre. En le chargeant, j'ai bien vu qu'il était très lourd…
Et cette fois, ce fut comme un portement de croix.
Ce bois qui me broyait l'épaule, c'était un patibulum, et l'épaule qu'il écrasait, ce n'était pas la mienne.
En peinant, je remontais la pente, le pied mal assuré butant sur les pierres. Pourtant, je ne m'étais pas fait fouetter dans les heures qui avaient précédé.
Et moi, qui bûcheronne en amateur, j'imaginais le Charpentier ployant sous le poids d'une poutre mal équarrie...
Arrivé en haut de la pente, je comprenais physiquement que le Christ se soit effondré, et qu'il ai fallu charger Simon de Cyrène…
 
Bien sûr, il n'y avait que moi et ce morceau de bois qui finira au feu, mais le temps d'un trajet, il a nourri ma méditation, ma prière... et je ne parierai pas que je l'oublierai de sitôt.
 

Publié dans Ecologie - théologie

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