Les vertus du dentifrice
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Il y a quelques années, je vous avais narré comment une réclame tout à fait incongrue pour un dentifrice quelconque avait constitué une étape cruciale dans mon cheminement vers le Christ.
Et voici que – écoutant quelques émissions enregistrées – je tombe sur une déclaration étonnante de Didier Decoin[1]. Alors qu'il était jeune écrivain, détaché des questions de foi ou de religion, il vécut une expérience qui lui fut mémorable.
Il était tard, et avant que d'aller se coucher, il se mit en devoir de se brosser les dents.
S'affairant ainsi, sa pensée prit un tour inattendu : il venait de saisir la preuve ontologique irréfutable de l'inexistence de Dieu. Elle se formulait, se déroulait précise, claire, évidente dans son esprit. Nietzsche ou Renan pouvaient aller se rhabiller : il allait par son prochain écrit révolutionner la pensée occidentale.
Encore fallait-il bien garder en mémoire tous les éléments qui s'imbriquaient si parfaitement dans son cerveau. Vite, il se précipite juste à côté, vers son bureau pour noter succinctement et avec le minimum de précision les points saillants de la démonstration. Quelques pas, tout au plus, saisir un stylo et tracer quelques mots sur une feuille.
Quelques mots qu'il n'écrivit jamais, quelques pas qui restèrent en suspens.
Alors qu'il croyait avoir réalisé dans sa pensée le Tetris ultime, son coeur, son esprit étaient envahis, submergés par un amour incommensurable : ce Dieu qui n'existait pas était en train de lui parler au plus profond de son être.
Le lendemain, en se réveillant, il ne se dit pas "il fait jour", mais… "il fait Dieu".
Cette anecdote est pour moi l'occasion de recommander un livre lu il y a longtemps, mais qui a (à mon sens) un vrai mérite : avec son parti pris de raconter "une histoire joyeuse du Christ" Didier Decoin nous emmène avec tact et prudence un peu en dehors des sentiers battus, mais toujours proche du Sauveur.
Il s'agit donc de "Jésus, le Dieu qui riait".
Quant au dentifrice… qui sait où cela peut nous mener…