Pâques 2023

Publié le par Albocicade

Le coeur empli de tristesse, ils pensent aux épreuves sans nombre qui les attendent et ils les déroulent en leur esprit.
Que faire ? Ils gardent, gravés en leur coeur, les traits de Son visage,
Les paroles qu'Il prononça, et leur souffrance refuse l'apaisement d'un sommeil réparateur.
Le plus âgé d'entre eux, en son coeur, se répétait Ses mots,
Tout occupé par ces pensées: Où est à présent le Dieu qui nous guide?
Celui dont nous suivons les pas ? Où nous ordonnes-Tu d'aller, où veux-Tu que nous habitions?
O quelle gloire dans Ta douleur, ô combien éclatante destinée !
Non, non, nous ne pouvons rester ainsi: emmène-nous avec Toi, jusqu'au bout de tout.
Nous T'en prions, ne Te refuse pas à notre vue.
Ainsi s'agitait son coeur, ainsi parlait-il,
*
Et voilà que, pour la troisième fois, le jour avait du ciel chassé les froides ombres.
Il revenait sur ses pas et gagnait les hauteurs célestes.
C'est alors que, soudain, ils voient de leurs yeux l'immense sépulcre,
Celui où était exposé le corps privé de vie — ni les barreaux ni même
Les gardiens n'ont la force de le maintenir fermé ! — : ils voient les pierres
Arrachées aux pierres, les ais disjoints des serrures de force.
Un grand bruit se fait entendre alors : c'est la terre, comme ébranlée par un gigantesque poids.
Partout, ce n'est qu'épouvante de l'âme, et l'étendue-même des silences est terrible.
Mais l’aube paraît; les oiseaux font entendre leurs premiers chants sous le toit.
Voici qu'Il se lève et quitte la caverne ; resplendissant dans Son suaire,
Il va triomphant et la terre tremble, ébranlée par Ses pas.
*
Marqué de Ses ineffaçables blessures, Il pénétra sous la haute porte
Et, là, Il trouva rassemblée une immense foule de nouveaux venus
Dont Il admira le nombre. Soudain, dans la surprise générale,
Il dit : « Me voici devant vous ; Je suis Celui que vous cherchez.
La piété a triomphé de l’âpre route, aidée de la vivace vaillance.
Réveillez-vous, holà! A jamais bannissons la crainte !
Voilà notre retour, voilà notre triomphe tant attendu,
Voilà notre règne, notre promesse ! O trois et quatre fois heureux !
Qu'ai-je à vous donner, mes compagnons, qui soit à la hauteur de vos prières ?
Quelles récompenses pouvais-je imaginer pour vous en remercier? Quels présents vous faire ?
Aussi, écoutez-moi bien: la terre qui, dès l'origine de vos pères,
Fut première à vous porter, la même en son sein fécond,
Accueillera votre retour. Rappelez votre courage, chassez tristesse et crainte
De vos coeurs et attendez votre félicité avec confiance.
Pour le reste, réjouissez-vous que tout soit accompli dans son bon ordre,
Tendez la main pour demander la paix; célébrez la paix dans vos éloges, sereins
Et généreux. Tel est le seul et inviolable gage de la paix.»
Tout en parlant, Il montrait Son visage, Il faisait voir Ses traits,
Il faisait reconnaître Sa figure et Ses deux mains, et les marques que le fer imprima sur sa poitrine.
Tous mettent leurs mains dans Ses main, heureux de les contempler :
Et, Le voir pour Le quitter, cela ne leur suffit pas : ils tiennent à s'attarder longuement,
A rester tout près de Lui, à serrer Sa main dans la leur.
 
Christ est ressuscité !
 
*
*   *
Cette année, j'ai pris un texte extrait du centon virgilien de Proba Falconia, vers 639-677, dans la traduction d'Hélène CAZES.
Pour en savoir plus, je vous renvoie vers un billet de 2021 qui vous mènera vers le document complet…
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