SDF de luxe.

Publié le par Albocicade

Ainsi, nous voici bloqués dans un pays dont les subtilités de la langue nous échappent. Notre blessée passe 24 heures par jour sur son lit hospitalier en attendant de pouvoir être rapatriée en France. C'est long, compliqué, puisqu'il ne faudrait pas que le transport accentue les lésions existantes, voire en crée de nouvelles qui pourraient – tout aussi bien – être définitives, celles-là.

Si donc la blessée est provisoirement logée sur place, qu'en est-il de nous, parents qui nous relayons jour et nuit à son chevet ? (J'ai mis en œuvre un retour du reste de la troupe en France, avant de revenir sur place.)

Durant les premiers jours, Dame Cigale restait sur place, à l'hôpital dans un fauteuil modulable mis à disposition tandis que je retournai avec le reste de la troupe à l'appartement que nous avions, à 60 kms de là. Après mon aller-retour en France, je revins avec un véhicule utilitaire muni d'un matelas à l'arrière : cela permis à Dame Cigale de passer une première nuit allongée, tandis que je prenais le relais sur le fauteuil.

Puis, l'Assistance Médicale – dûment sollicitée – finit par mettre une chambre d'hôtel à disposition. Une belle chambre, toute de marbre et de modernité, avec coffre-fort intégré dans la penderie, grande salle de bain et tout et tout. Luxueux ! A croire qu'ils ne restait plus une place de libre dans les établissements moins classieux. Et c'est là le problème, d'ailleurs. Car si pour dormir ou se laver il fait parfaitement l'affaire, il ne sert à rien pour se nourrir ou tenir le linge propre. Bon, là, je suis mauvaise langue – les pauvres sont toujours mauvaise langue – il y a un restaurant à l'hôtel, ainsi qu'un service de buanderie, mais à des tarifs si élevés qu'ils en sont prohibitifs.

Alors, lorsque nous ne sommes pas au chevet de la blessée, nous allons dans le magasin discount du coin acheter des bricoles à manger ou boire froid, puisque nous n'avons rien pour chauffer ne serait-ce qu'un peu d'eau. Et nous nous nourrissons de machins industriels  préemballés, à l'équilibre nutritionnel douteux, ou d'improbables sandwichs, allant nous faire couler un maigre café au distributeur de l'hôpital, buvant en bouteille sur un banc ou sur les draps du lit refait par le service d'étage.

Et là, je pense au SDF de base, qui n'a que le banc ou son squat pour se poser, qui transpire dans ses habits (il fait ici un soleil de plomb…) sans pouvoir aisément prendre une douche, et qui n'a généralement pas de quoi se changer, ce qui pose problème pour laver ses habits au Lavomatic, à l'autre bout de la ville…

Et nous, notre situation devrait rapidement prendre fin, mais la leur perdurera.

Je crois que c'est pour ça que le Sauveur nous a enjoint de prendre soin des plus pauvres…

Publié dans Cigale sociale

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