L'espoir acacia
De mon poste de travail, le regard porte assez vite sur du vert.
D'abord des espèces ornementales plus ou moins locales (plutôt moins que plus, d'ailleurs), puis, un peu plus loin, de la "vraie" végétation.
Arbres et arbustes qu'aucun pépiniériste n'a entouré de soins attentifs, dont l'implantation ne fut jamais décidée par quelque paysagiste, et que nulle main experte n'a planté. Et par-dessus la cime des arbres, au-delà de la crête des montagnes… le ciel.
Mais ça, c'est en regardant droit devant soi.
Parce que, pour ce qui est du sol, c'est une autre histoire : bitumes, goudrons et macadams se partagent la surface : un environnement stable, inerte, stérile.
Et pourtant…
Je ne l'avais pas remarqué, tout d'abord, et lorsque je l'ai vu il faisait déjà 60 bons centimètres. Profitant d'une fissure dans ce revêtement définitif, en contrebas de mon poste de travail, un acacia s'est débrouillé pour pousser.
J'ai beau savoir qu'il ne fera pas de vieux os (enfin plutôt "de nombreux cernes") et que tôt ou tard il succombera sous la vigilance de la personne chargée de "l'entretien", tel qu'il est là, il me réjouit : toute notre technicité, notre ingénierie, notre volonté de contrôler l'environnement (fut-ce de façon mortifère) ne parvient pas à avoir le dernier mot.
Je sais bien qu'il y a quelque chose de naïf à penser ainsi, et même qu'une telle approche pourrait servir de justification à polluer : comme disait mon institutrice "toute la pollution va dans l'océan, mais l'océan a une telle capacité de régénération que ce n'est pas grave…"
Si, bien sûr que c'est grave, et certains dégâts sont particulièrement durable.
Toutefois, j'ose espérer que nous ne sommes pas prédestinés à toujours tout abîmer. Et dès lors que l'on arrête, la vie reprend peu à peu ses droits, avec parfois une étonnante capacité de résilience.
Encore faut-il s'arrêter… Et je dois reconnaître que les prises de positions du Patriarche de Constantinople me sont un baume au cœur.
Et puis, cet acacia , je le vois aussi comme un rappel de l'œuvre de Dieu. D'abord parce que le pépiniériste-paysagiste dont j'admire l'œuvre, c'est bien Lui. Mais aussi parce que, dans l'Ancien Testament, l'Arche d'Alliance contenant les tables de la Loi, le bâton d'Aaron et un vase rempli de manne était construite en bois d'acacia…
Et pour ceux qui aiment les activités sur internet… je re-signale "environmental balance"…