Sales gosses !
C'était dimanche, au sortir de la liturgie, une brave dame, d'un age déjà respectable peste, rouspète et grommelle contre quelques gamins forcément mal élevés dont les va-et-vient intolérables ont perturbé la quiétude de l'office.
Elle s'aigrit contre les enfants, fulmine contre les parents au laxisme inconcevable, évoque la décadence de l'éducation et peu s'en faut qu'elle prédise l'effondrement de toute civilisation.
Au vrai, ces deux ou trois garçons de 7 ou 8 ans ont été – à quelques moments – un peu plus turbulents qu'il n'est d'usage, et en ont certainement agacé plus d'un(e). Mais de là à faire un tel foin… (je sais bien que c'est la saison, mais ça n'a rien à voir).
Je l'écoute expliquer comment, "avant" c'était mieux, comment les enfants savaient se tenir à l'église, comment les parents avaient de l'autorité, comment…
Bien sûr, l'église n'est ni un stade de course, ni un terrain d'escalade. Toutefois, les enfants ne sont pas des adultes en miniature (encore moins des militaires en miniatures, que l'on pourrait laisser au garde-à-vous et en silence) et leur activité fondamentale, ce qui leur permet d'appréhender le monde environnant, est le jeu.
Reste à trouver quels "jeux" sont possibles durant la liturgie, qui – tout en ne perturbant pas la prière commune – leur permettent de se familiariser avec cet environnement qui est déjà en soi porteur de sens.
Sachant que – par exemple – le simple fait de tenir la corbeille contenant l'antidoron (le "pain béni") au moment de la communion peut être perçu comme tout à la fois un jeu et une participation effective à la liturgie (et je ne parle pas de l'identification des scènes bibliques ou des saint sur les icônes et fresque…).
Bref, en écoutant la mamie ronchonner, je me disais que sa réaction, en tant que symptôme, concerne plus le grand âge que la jeunesse.
Et, remontant des tréfonds de ma mémoire, des phrases croisées il y a bien longtemps me confirmaient que ce n'est pas d'aujourd'hui que la jeunesse est considérée comme "décadente".
J'en ai retrouvé quelques unes sur le sympathique site "Antiquitas semper", auquel je les emprunte sans plus de façon :
1) Poterie d'argile de Babylone, -3000 av. J.-C.
"Cette jeunesse est pourrie depuis le fond du coeur. Les jeunes sont malfaisants et paresseux. Ils ne seront jamais comme la jeunesse d'autrefois. Ceux
d'aujourd'hui ne seront pas capables de maintenir notre culture."
2) Prêtre égyptien, -2000 av. J.-C.
" Notre monde a atteint un stade critique! Les enfants n'écoutent pas leurs parents. La fin du monde ne peut pas être loin."
3) Hésiode, -720 av. J.-C.
" Je n'ai aucun espoir pour l'avenir de notre pays si la jeunesse d'aujourd'hui prend le commandement demain, parce que cette jeunesse est insupportable, sans
retenue, simplement terrible."
4) Socrate, -470 -399 av. J.-C.
"Notre jeunesse aime le luxe, elle est mal élevée, elle se moque de l'autorité et n'a aucune espèce de respect pour les anciens. Nos enfants d'aujourd'hui ne se
lèvent pas quand un vieillard entre dans une pièce, ils répondent à leurs parents et bavardent au lieu de travailler. Ils sont tout simplement mauvais."
Ah, et puisque nous en sommes à parler de jeux, un petit rappel : la page de jeux internet catéchétiques "saints alive" (oui, c'est en anglais, mais ça va) dont j'ai parlé, il y a déjà pas mal de temps.