Ascension 2011
L'ascension de Jésus… Le Christ monte au Ciel… jusqu'où ?
Je sais, cette question est oiseuse, et même stupide. Celui qui, ressuscité, "entre dans la pièce, toutes les portes étant fermées" est dans un état d'être qui, côté limitations, n'a plus grand chose en commun avec notre condition de mortel.
Toutefois, cette question stupide a été posée et utilisée à des fins de propagandes contre l'Eglise.
Souvenez-vous, c'était il y a quelques décennies, dans les débuts de la conquête de l'espace.
Le premier homme à sortir de l'atmosphère terrestre fut Youri Gagarine, un Soviétique. C'était le 12 avril 1962, sur le Vostok 1
Et de retour sur terre, on a eu droit à cette phrase mémorable :
"J’étais dans le ciel et j’ai bien regardé partout :
je n‘ai pas vu Dieu."
CQFD
Mais peut-être est-il temps de traduire les textes de l'affiche soviétique, de cette même époque.
En haut à droite :
"La vieille avait dit: on ne franchit pas le seuil de sa maison
sans que Dieu soit là!"
Puis en bas :
" Mais la claire lumière de la Science
A prouvé que Dieu n'a pas d'existence"
C'était toute une époque, ou d'innombrables croyants (mais aussi de "bons communistes athées") étaient envoyés en camps pour des raisons… impalpables.
Un monde kafkaïen où le programme social du régime était de "détruire les préjugés pourris de la religion".
La conquête de l'espace avait commencé par l'envoi des spoutniks. C'était en 1957.
Spoutnik. Le "bip-bip" le plus célèbre du monde.
Spoutnik, un exploit technique des soviétiques, de ceux qui se revendiquaient "sans-Dieu".
Spoutnik… ce mot accompagnait les chrétiens russes depuis des générations, depuis des siècles.
Spoutnik… c'est primitivement (en russe) le "compagnon de route", celui avec qui on fait le chemin ; mais c'est aussi un livre de prières, celui qu’on prend en voyage (qu'en Grèce on appelle "Synekdimos", ou en France, le "bréviaire")
Bref, Spoutnik, c'est bien sûr le satellite artificiel qui "accompagne la terre dans son voyage" autour du soleil, mais c'est aussi le livre qui accompagne le croyant dans sa route vers Dieu.
Et au fond, Spoutnik, c'est le Christ qui accompagne les pèlerins d'Emmaüs, et qui est avec nous tous les jours, jusqu'à la fin du monde (C'est là).
Finalement, il n'avait pas regardé comme il faut, le Gagarine.
Merci à Tertius pour son aide appréciée pour ce billet.
Ah, un dernier mot. Comment interpréter le geste du Sauveur disparaissant vers le haut (le ciel est "en haut", aussi le Ressuscité va vers le haut). Simplement : la tête, et l'étendue, et la lumière sont "en haut", les pieds, la matière et l'obscur sont "en bas". Pour ceux qui s'interrogent sur le "pourquoi" d'un tel "choix" de disparition du Sauveur, il convient peut-être de se poser si - pour eux - cela aurait été signifiant de la même manière si le Christ s'était enfoncé dans le sol, dans la terre, pour montrer à ses disciples qu'il allait vers le Père...
(Pour cette dernière réflexion, je suis redevable à Urs von Balthasar, dans son "Cordula, ou l'épreuve décisive")