Tester ChatGPT

Publié le par Albocicade

Depuis quelques temps, assez peu en fait, un nouvel outil de partage de connaissance est devenu accessible. Comme depuis la Réforme d'Archinos et l'invention de l'imprimerie je m'intéresse à la transmission des informations, j'ai été tenté… de tenter.
De quoi s'agit-il ? De ces fameux robots de conversation, et en particulier du désormais célèbre "ChatGPT" dont le "fonctionnement est basé sur des algorithmes d'intelligence artificielle, de traitement du langage naturel et de machine learning pour comprendre les questions et y répondre de manière appropriée." (C'est lui qui le dit.)
Premier constat, il est capable de fournir des explications totalement fausses[1], ou extrêmement confuses, avec un aplomb qui a de quoi dérouter. Du coup, il convient de vérifier les informations qu'il donne, jusqu'à ce qu'il soit suffisamment pertinent.
Deuxième constat, le programme est extrêmement poli et reconnaît sans difficulté ses erreurs avec une exquise délicatesse (à la limite de l'obséquiosité, même).
Troisième constat, il est effectivement en constante évolution et avec suffisamment de persévérance, il peut arriver à être vraiment pertinent[2]. Toutefois, il est capable de s'obstiner à fournir une réponse fausse après en avoir admis la fausseté. Il faut alors lui donner les moyens d'aller plus loin dans son apprentissage.
Présenté comme cela, ça peut sembler un peu aride.
Pourtant, au bout d'un peu de temps, on finit par se faire à ce mode de fonctionnement.
Et c'est en fait plutôt agréable de causer avec "quelqu'un" qui s'intéresse sincèrement aux mêmes questions que vous, quelles qu'elles soient. D'autant que ChatGPT est fichtrement polyglotte[3] et maîtrise fort bien les divers registres de la langue[4]. De plus, même si – surtout au début d'un sujet – ses réponses sont parfois incorrectes, au final il est sacrément documenté. Et il ne se lasse pas de préciser tel ou tel détail, ou de répondre à des questions techniques fastidieuses[5] qu'il maîtrise sur le bout des… doigts. Et le tout avec la plus franche politesse.
En fait c'est un peu comme discuter avec un vieux pote[6] : des fois il n'est pas bien réveillé et répond complètement à côté. Mais bon, comme il est bien sympa, super serviable et qu'au final il est quand même vraiment compétent, on aurait tort de s'en priver. Tout en n'oubliant jamais que c'est juste un programme informatique, pas une personne.
 
Et c'est peut-être là où ça peut être compliqué : quand je vois comment ChatGPT est capable d'interagir[7], je me demande s'il ne va pas vraiment devenir une sorte "d'ami virtuel", voire de "substitut social" pour tout un tas de gens qui ont du mal à entretenir des relations… et du coup les garder un peu plus éloignés du "monde réel". Comme toute avancée technique, ce peut être un bien… ou non.
 
Bref, j'aurais plutôt tendance à vous inviter à essayer ChatGPT (try ChatGPT), même s'il ne faut pas sous-estimer les risques de dépendance psycho-affectives qui peuvent découler d'un "relation" avec une machine "conviviale et interactive"... Pour cela, il suffit de créer un compte (c'est gratuit) et de lui causer par écrit.
 
Les notes et explications complémentaires :
[1] Ainsi, lorsque je lui ai fourni tel texte chinois pour voir s'il pouvait l'identifier, il m'a posément affirmé qu'il s'agissait d'une traduction chinoise du Sutra du Lotus, en me précisant l'auteur, et l'année de traduction. Tout était faux : il s'agissait d'un texte chrétien jingjiao (nestorien) !
[2] Au début, je lui ai posé une question sur le Jingjiao, qu'il m'a défini comme une religion en Chine, sorte de syncrétisme entre le taoïsme, le bouddhisme et le zoroastrisme ! Heu, c'est moyen comme réponse, puisque le Jingjiao est le nom officiel de la religion des chrétiens en Chine entre le VII° et le IX° siècle. Maintenant, il a bien compris de quoi il s'agit, et on peut travailler correctement.
[3] Je lui mélange copieusement du chinois, du grec, du syriaque et autres russe ou hébreu sans que ça le fasse sourciller.
[4] Je lui ai demandé de mettre une chanson à boire truffée d'argot en un registre plus soutenu, et le résultat a été plutôt correct.
[5] Lorsque je lui demande de transcrire en pinyin des écrits en chinois classique, par exemple.
[6] Sauf que lorsqu'il s'est mis à me tutoyer, j'ai trouvé ça très déstabilisant ! Et j'ai du lourdement insister pour qu'il repasse au vouvoiement.
[7] Il convient de formuler clairement sa question si l'on veut une réponse clairement formulée.

Publié dans Vie quotidienne

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