La rose immarcescible

Publié le par Albocicade

C'est une icône dans laquelle Marie est représentée couronnée, tenant d'un côté le Christ enfant – debout, couronné aussi et tenant le monde en sa main – et de l'autre main une rose. Et c'est cette rose qui donne à cette icône son nom.
 
L'expression "Rose immarcescible" (ou "inflétrisable") provient d'un canon de Joseph l'hymnographe1.
Ceci étant, j'ai été tout d'abord quelque peu surpris de trouver deux traductions aux sens nettement divergents. Mais à y regarder de plus près, la chose s'explique aisément : en effet, "rhodon to amaranton" (ροδον το αμαραντον) est un neutre, de sorte que les trois premiers cas sont identiques, de sorte que l'on ne peut distinguer entre un sujet et un complément d'objet direct2 : seule la structure de la phrase peut donner une indication… mais dans la poésie, la structure...
Aussi, dans une traduction anglaise, je lis "Réjouis-toi, rose immarcescible, toi qui seule a fait pousser le fruit suave…", et dans ce cas la "rose inflétrissable" est la Mère de Dieu ; mais une traduction française donne "Réjouis-toi, toi qui seule a fait pousser la rose immarcescible, le fruit suave..." De sorte que dans ce deuxième cas, la "rose inflétrissable" est le Christ...
Ce qui est étonnant, c'est que hier – dimanche des ancêtres du Seigneur – dans un post consacré à la fête, je trouve ce commentaire postée par une amie protestante citant un vieux cantique de Noël :
"D’un arbre séculaire
Du vieux tronc d’Isaï3
Durant l’hiver austère
Un frais rameau jaillit.
Et sur le sol durci
Dans la nuit calme et claire
Une rose a fleuri."
Etonnant comme, parfois, les mêmes symboles se retrouvent.
Et puisque je viens de parler du Dimanche des Ancêtres, ce jour où l'Eglise commémore tous les justes de l’Ancien Testament qui ont précédé et préparé la venue du Messie, je dois faire un lien entre l'icône de cette fête et l'icône que j'ai mis en haut de ce billet.
Sur l'icône de la fête (que je mets plus bas) les saints et prophètes de l'Ancien Testament sont représentés tenant des cartels en main, expliquant ce qu'ils ont prédit.
Or, l'icône de la Rose immarcescible que j'ai mis en entrée de ce billet regorge de nombreuses représentations symbolique (par exemple, deux montagnes – une à gauche et une à droite – ; une échelle dressée ; un chandelier à sept lampes ; l'arche d'alliance avec ses barres de transport…, sans parler du bâton fleuri que tient la Panaghia) qui correspondent précisément à cette typologie.
Je cite, pour l'exemple et dans l'ordre que j'ai nommé, celles que j'ai pu identifier, en me basant sur l'édition par Didron du manuel d'iconographie de Denys de Fourna :
Daniel, tenant une montagne , dit sur un cartel : « Je vous ai nommée d'avance montagne spirituelle où l'on a taillé une pierre , ô Vierge mère et sans tache ! »
Habacuc, tenant une montagne ombragée , dit sur un cartel : « Eprouvant en esprit une joie prophétique, je vous ai vue montagne couverte d'un ombrage impénétrable ! »
Le patriarche Jacob, tenant une échelle. Il dit sur un cartel : « Moi je vous ai vue en songe comme une échelle appuyée sur la terre et allant jusqu'au sommet du ciel. »
Zacharie , tenant une lampe à sept branches , dit sur un cartel : « J'ai vu une lampe à sept branches ! lumière spirituelle qui doit illuminer l'univers ! »
David, tenant une châsse, dit sur un cartel : «O jeune fille ! je vous ai nommée par avance arche sainte, en voyant la beauté du temple. »
Aaron , portant une branche fleurie , dit sur un cartel : « Cette branche m'a annoncé d'avance, ô Vierge sans tache , que, semblable à une plante, vous aviez enfanté le Créateur comme une fleur.

 

Notes
1Troisième tropaire de la première ode du "Canon pour le Samedi de l'acathiste à la Mère de Dieu" de Joseph l'hymnographe, pour être précis
2Ou pour le dire entre un nominatif (et vocatif) et un accusatif.
3Isaï, ou Jessé, l'ancêtre de David, et du Christ. C'est de lui que tire son nom le fameux "arbre de Jessé" si fréquemment représenté.

Publié dans Côté iconostase

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