Le sermon du dimanche

Publié le par Albocicade

Comme je le signalai dans un précédent billet, je travaille actuellement sur les œuvres d'un auteur du V° siècle. Des homélies, pour être précis.

Comme beaucoup de prédicateur de son époque, il est prolixe, et un sermon de 12 ou 15 pages  n'est pas pour l'effrayer. Comptez 4 à 5 bonnes minutes par page, soit entre 45 minutes et  1 heure et quart le sermon !

Pour nous qui vivons à une époque où les chansons, avec souvent bien des redites, ne doivent pas excéder 3 minutes, cela peut sembler énorme.

Pourtant, à l'époque, il n’y a pas lieu de s'en étonner : en un temps où nul média radio, presse, télévision, cinéma, nul enregistrement de la voix n'était possible, écouter un orateur – pour peu qu'il fut de qualité – était un plaisir recherché. L'écouter parler avec fougue des textes bibliques, faisant avec brio le lien entre la foi, la philosophie, la science était autant une pieuse occupation qu'un loisir de choix*.

Ne voyait-on pas, en plein XVIe siècle dans un temple protestant**, un gros sablier fixé à demeure à côté du prédicateur : ce dernier devait parler au moins le temps que tout le sable s'écoule, soit plus d'une de quarante minutes.

Mais aujourd'hui, quelle est la bonne longueur pour un sermon ?

Je ne prétendrai pas apporter de réponse à cette question (même si, comme tout auditeur, j'ai ma petite idée), mais il me semble que les prêcheurs seraient bien avisés de tenter de respecter la règle suivante :

Que votre "Amen !" final

soit une surprise

et non un soulagement.

Notes

* On se souviendra aussi que, durant la période soviétique, il n'était pas exceptionnel – dans les rarissimes paroisses encore ouvertes dans les grandes villes, de voir se succéder les prédicateurs devant des fidèles assoiffés d'entendre l'Evangile, faisant déborder le temps de la prédication hors de toute mesure pour des fidèles qui en redemandaient : ils avaient pu être là pour cette fois, mais qui savait quand ils pourraient revenir ?

** Le "Temple du Paradis", à Lyon. C'est de là que provient l'illustration de ce billet. Il m'a bel et bien été confirmé, contrairement à ce que l'on trouve parfois écrit, que le sablier servait de référence "a minima" et non à "limiter l'éloquence du prédicateur".

Publié dans Vie quotidienne

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E
Je crois me souvenir que saint Césaire d’Arles haranguait ses fidèles pour les dissuader de quitter l’église avant la fin de ses homélies. Ce qui suppose qu’il les prononçait à la fin de la Divine Liturgie et qu’elles étaient fort longues !
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