Le piaf

Publié le par Albocicade

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C'est un serin, un doux canari des îles qui trille avec conviction dès après le lever du jour. Il a été offert à la jeune Cigale  il y a quelques années par sa Mère-Grand et semble prendre son sort avec philosophie.

Dernièrement, grand bouleversement dans son quotidien !

Sans prévenir (mais comment l'aurai-je prévenu ?), je le prend avec sa cage, l'enlève de sa fenêtre et, après une montée chaotique par un sombre escalier le place derrière une autre fenêtre où, amplement pourvu en nourriture et boisson, il est resté sans visite pendant une semaine dans une maison déserte.

Puis, quelques jours après notre réapparition, je l'ai ramené à son lieu habituel.

 

Qu'a-t-il bien pu penser, dans sa tête de piaf ? Comment, avec sa cervelle de moineau, a-t-il interprété cette péripétie ?

Jamais il ne saura que, partant pour une semaine, il nous fallait fermer les volets (dont il ignorait jusqu'à l'existence) du rez-de-chaussée et qu'il n'eut certainement pas survécu dans l'obscurité. Jamais il n'aura les moyens de comprendre que, dans un contexte qui dépasse infiniment son quotidien, sa vie a été préservée.

Peut-être même a-t-il bougonné contre ce destin absurde qui le chahute sans rime ni raison pour le ramener à sa situation d'origine, sans le moindre bénéfice pour lui…

 

Je m'étais fait cette réflexion dans la journée, en le réinstallant derrière "sa" fenêtre, et y repensais, mi-figue mi-raisin, le soir même alors que je fendais  la nuit à vive allure – dans le respect des limitations de vitesse – pour palier à un imprévu contrariant : Dame Cigale venait de m'appeler à la rescousse. Panache de "fumée blanche", voyants lumineux en détresse, puis plus rien : elle était en panne sur le bord de la route, en rase campagne, à une bonne quarantaine de kilomètres de la maison.

 

Tout en roulant, j'interroge le Ciel, ou plutôt "Celui qui y trône". Ma question n'est pas "Pourquoi ?", mais plutôt "Et maintenant ?".

Et, compte tenu de mes compétences limitées en mécanique, j'ose lui suggérer l'envoi d'un ange.

 

A peine suis-je sur place, vers 22h, qu'une voiture s'arrête. Un jeune homme en sort qui, s'étant enquis de la situation, se met en devoir de remorquer la voiture jusqu'à une espèce de parking proche. Puis, à la lumière improbable d'un téléphone portable, il jette un œil au moteur : au moins une belle fuite dans le circuit de refroidissement. Et en tant qu'homme de l'Art (il travaille dans un Centre Auto et ne semble faire l'ange qu'à ses heures perdues), il déconseille vigoureusement de tenter de rentrer en la faisant rouler : nous en serons quitte pour revenir la tracter avant de déterminer la cause exacte de cette avanie.

 

Bien sûr, moi, avec mon crâne de piaf, je me serais bien passé de cette escapade nocturne.

Mais voila, ce n'est pas le piaf qui décide…

 

 

Publié dans Cigale en prière

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