Autres temps

Publié le par Albocicade


Ce devait être en 2006.

J'écoutais sur France Inter Jean-Noël Jeanneney, directeur de la Bibliothèque Nationale de France (la BNF) vitupérer contre Google-books, la bibliothèque virtuelle de Google.

Ce que faisait l'américain Google, selon M. Jeannerey, ce n'était rien moins qu'avilir la culture, la prostituer à des lobbies commerciaux.

Et le propos de s'enfler :

D'ailleurs, Google – qui ne respecte pas le droit d'auteur – fait un travail de mauvaise qualité.

Puis venait le couplet de la vertu cocardière.

Car en face du vilain et immoral Google, se dressait, drapée dans les idéaux de la France éternelle, la BNF, et son programme de numérisation : Gallica.

Gallica, du latin "gallus", le coq… Cocoricooooooo !

Un programme ambitieux, bien sûr.

Et le regard englobant l'horizon, il poursuivait expliquant la création le la bibliothèque virtuelle : Europeana.

Ah ! L'infâme Google n'avait qu'à bien se tenir !!!


Je connaissais déjà Gallica (où j'avais trouvé, entre autres, les lires d'Ermoni sur les débuts de l'Eglise), ainsi que Google-books.


S'il est vrai qu'en ces temps incertains où la numérisation de masse en était à ses balbutiements, il arrivait à Google de mettre en ligne des ouvrages avec quelques pages illisibles; Gallica, avec sa non-prise-en-compte du format des documents numérisés n'avaient rien à lui envier question imperfection.

Pour ce qui est de l'accusation de ne pas respecter le copyright, j'ai du mal à comprendre. Certes, on peut consulter des pages d'ouvrages en copyright sur Google books, mais de manière moins aisée que dans une bibliothèque. Pour le reste, il me faut bien souvent passer par des proxys pour récupérer des documents incontestablement dans le domaine public.

Enfin, concernant la question de l'ambition du projet, les livres de Gallica se comptent par dizaine de milliers, ceux de Google par millions…


Bref, je trouvais ce discours étrange, flottant à la limite incertaine où le surréalisme flirte avec la xénophobie.

Et maintenant, en 2009, voici que le successeur de Jeannerey, Denis Bruckmann, envisage de traiter avec Google pour la numérisation des ouvrages de la BNF…

Comme quoi…


Publié dans Vie quotidienne

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