Voyage en Russie ?

Publié le par Albocicade



Voilà bien une heure et demi que nous roulons dans la campagne glacée. Après avoir traversé quelques villages aux maisons tassées sous un ciel gris, nous nous savons proche du but. L'avant dernier hameau, qui nous sert de point de repère,  est noyé dans un brouillard qui - brusquement - fait place à un ciel bleu pâle illuminé de son soleil d'hiver.

Encore quelques kilomètres, puis la voilà, scintillante de neige.

Elle est là, comme sur une carte postale... mais en vrai.

Une de ces églises tout en bois, comme on en rencontre tant dans le grand nord de la Russie.

Ses murs aux énormes rondins, son toit en fines planchettes (comme on en faisait en Savoie, au XIXe siècle), ses trois coupoles (faites elles-aussi en planchettes disposées en écailles)... tout est couleur de miel : elle est neuves, et les années ne lui ont pas donné cette teinte grise qui, petit à petit, deviendra la sienne.

Bien sûr, elle est "orientée", et tandis que la pente nord du toit conserve précieusement sa neige, la pente sud - ensoleillée - se dévoile peu à peu. Les bulbes eux-mêmes restent en partie couverts.

La neige crisse sous nos pas tandis que, délaissant la voiture, nous nous approchons.

Des enfants jouent devant l'église, et leurs rires se mêlent aux aboiements du chien qui les accompagne.

Il fait beau, la journée s'annonce magnifique.

Nous allons célébrer la Théophanie, et j'aperçois à quelques mètres la mare gelée dans laquelle probablement - tout à l'heure, lors de la bénédiction des eaux - le prêtre lancera une croix que quelque courageux ira chercher en plongeant.


Un détail toutefois me laisse perplexe : cette mare, je la connais bien. De même que l'autre chapelle, toute romane - qui est derrière.


En fait, nous sommes dans notre paroisse, et c'est dans la chapelle en pierre (l'église en bois n'étant pas totalement achevée) que nous célébrerons le Baptême du Sauveur. Le magnifique canon de St Cosmas de Maïouma, ainsi que le reste de la liturgie, sera chanté en français. (Ce qui m'arrange, puisque je comprends nettement mieux le français que le slavon !)


Et comme nous sommes en France, nous avons échappé au plongeon dans l'eau glacée.


Quant à la présence de cette église russe à cet endroit, comment l'expliquer en quelques mots ?

Le P. Nicolas, qui a bâti la première chapelle, se l'explique à peine  lui-même.

C'est vrai que, depuis des années, il rêvait d'une petite chapelle d'hiver en bois, moins difficile à chauffer; mais cela n'avait jamais été possible.

Cependant, là, il n'y est pour rien : un ami russe, homme d'affaire, a simplement offert cette église. Il l'a fait fabriquer en Ukraine, transporter démontée par camion et remonter ici.

Et les voisins, ne voulant pas laisser le P. Nicolas dans l'embarras ont prêté, qui un engin pour aider à décharger le camion, qui une grue pour installer les coupoles, sans parler du maçon qui s'est débrouillé pour couler - dans les règles de l'art - les fondations en un temps record.

Ainsi, au lieu d'une chapelle magnifique, il va y en avoir deux.

Destinées en tout premier lieu à l'ouverture du cœur vers Dieu (on appelle ça la prière), elles ont aussi de quoi réjouir les yeux.

Ceci dit, si vous venez en été, je ne garantis rien pour la neige.



Publié dans Cigale en prière

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article