Ecrits philocaliques
En ces jours encore bien bousculés, j'ai un peu de mal à me poser pour mettre quelques pensées par écrit sur le blog.
C'est en fait l'occasion de parler de deux livres reçus il y a déjà quelques mois, et que je voulais présenter sans avoir trouvé l'occasion.
L'un et l'autre traitent de la prière, dans la voie de la philocalie.
Je ne ferais pas un long rappel sur la Philocalie telle qu'elle est connue en France.
Qu'il suffise de rappeler les ouvrages "La prière de Jésus" du P. Lev Gillet[1], les anonymes "Récits d'un pèlerin russe", la "Petite philocalie de la prière du coeur" de Jean Gouillard ainsi que la traduction en plusieurs volumes de la "Philocalie des pères neptiques".
Voici donc qu'il y a quelques mois j'ai reçu un ouvrage longtemps attendu en français "Sur les monts du Caucase". En fait, si ce texte a tant tardé à être traduit, c'est à cause de quelques expressions malheureuses qu'il contient et qui – mises en avant par quelque moine trop enthousiaste – ont abouti, en 1912, à une crise importante au Mont Athos[2]. Le temps a fait son oeuvre, et reste le texte du moine Hilarion qui est une invitation au voyage. Voyage dans les monts du Caucase, par les descriptions qui en sont faites, voyage dans la prière, dans le "nom du Seigneur". Ce livre, que certains ont attendu et espéré durant des années – et même des décennies (j'en connais !) – est donc maintenant disponible aux éditions des Syrtes :
Sur les monts du Caucase, dialogue de deux solitaires sur la prière de Jésus, par le hiéromoine Hilarion Domratchev.
*
* *
L'autre est un ouvrage à la fois plus ancien et plus récent : il y a plus longtemps qu'il est traduit (1997), mais est plus récent, puisqu'il est d'un moine contemporain, le P. Matta el-Maskine : L’expérience de Dieu dans la vie de prière. Et si le livre précédent est dans la tradition orthodoxe russe, celui-ci vient d'Egypte, du monde copte. Comme certains regardent encore les coptes avec suspicion, rappelons que ce livre a été salué par Mgr Georges Khodr[3]. Il me plairait de le présenter comme une Philocalie arabe (après tout, c'est en cette langue qu'il a été rédigé), mais les auteurs cités sont de la tradition commune, et c'est très bien ainsi. A vrai dire, le thème en est plus large, puisque c'est la prière chrétienne en tant que telle qui est abordée.Ce qui fait que si Jean Climaque, Isaac le Syrien ou Antoine le Grand sont copieusement sollicités, on trouve aussi Irénée de Lyon, Théophile d'Antioche ou Seraphim de Sarov. C'est donc dans la collection Spiritualité orientale (SC 71) que l'on trouvera L’expérience de Dieu dans la vie de prière.
*
* *
Par ailleurs, ayant abondamment arpenté les couloirs d'hôpital ces dernières semaines, je voudrais partager avec vous cette brève prière[4] :
Seigneur Jésus-Christ, Fils du Dieu vivant
aie pitié de tous ceux qui Souffrent
et de tous ceux qui leurs apportent Secours, Soins et Soulagement.
Notes :
[1] Le nom d'auteur est "Un moine de l'Eglise d'Orient"
[2] La crise "onomolâtre" au cours de laquelle certains moines considérèrent que le "nom" même de Jésus constitue la divinité, et qui se traduisit par l'expulsion desdits moines de l'Athos. Il manqua à ces moines – certes sincères, mais un peu obstinés dans leur "découverte" – de prendre la distance nécessaire. Comme le note le p. Lev dans un article de Janvier 1952 paru dans "La vie spirituelle" : "Ne pourrait-on pas dire – en usant d'une certaine liberté théologique sur laquelle on ne se méprendra pas – que ce seul mot, "Jésus", est la Parole au sens absolu, la Parole que le Père prononce éternellement ?" (p44).
[3] Cité dans la Présentation, par rapport à l'édition arabe de 1968 : "Pour la première fois, nous, Grecs, dira l'archimandrite Georges Khodr, nous nous mettons à l'école d'un livre écrit par un copte".
[4] Prière qui peut se rythmer sur les cinq doigts de la main, en partant du pouce, à chaque "S".