Carême de St Philippe

Publié le par Albocicade

C'est reparti pour un tour. Après trois mois de repas aussi plantureux qu'abondants, faisant la part belle aux viandes, rôtis, pâtés, poulardes et autres venaisons[1], nous voici de nouveau en carême.

A vrai dire, c'était aussi un usage de l'église catholique, ce carême d'avant Noël. Il commençait même le 12 novembre, d'où son nom – à l'époque – de "carême de St Martin"[2]. Puis, il s'est peu à peu orienté sur les quatre dimanches précédent la Nativité du Sauveur, pour devenir l'Avent que nous connaissons.[3]
Dans l'église orthodoxe, il commence le 15 novembre et on l'appelle par conséquent "carême de St Philippe"[4]. Un carême de quarante jours, comme celui de Pâques, mais moins rigoureux : si viande, œufs, beurre et laitages sont exclus, ce n'est pas systématiquement le cas pour poisson, huile et vin.[5].
A vrai dire, ce carême s'est imposé peu à peu, vers le douzième siècle, et les usages ont longtemps variés. Rien qu'à Constantinople il y a eu jusqu'à trois usages différents : les uns – suivant l'usage des monastères – le faisaient de quarante jours ; d'autres le faisaient de trois semaines commençant avec le mois de décembre, et d'autres encore seulement pour la semaine précédent Noël[6], ces trois usages étant admis.
Cependant, c'est l'usage monastique qui a prévalu pour tout le monde.
Et pourquoi un tel carême ?
De même que celui de Pâque est en l'honneur du jeûne de Jésus-Christ , et celui d'après la Pentecôte pour honorer celui d'Elie – qui fut aussi de quarante jours ; celui de Noël a été institué en mémoire du jeûne de Moïse. En effet, comme Moïse s'est préparé à recevoir la Loi de Dieu sur la montagne du Sinaï par un jeûne de quarante jours, il était convenable à plus forte raison que les Chrétiens se préparent aussi par le jeûne[7] à recevoir le Verbe éternel venant s'incarner parmi eux pour leur salut.
Bon chemin de carême !
 
Notes :

[1] Bon, en fait, là j'exagère copieusement.
[2] Puisqu'il commençait le lendemain de cette fête.
[3] Enfin, avant que le commerce ne s'en empare pour en faire l'autre période où les gamins se goinfrent de chocolats qu'ils trouvent dans des "calendriers" qui n'ont plus e moindre lien – si ténu soit-il – avec la fête de Noël.
[4] Dont la fête est le 14 novembre.
[5] Le lundi, le mercredi et le vendredi on s’abstient de vin et d’huile. Mardi et jeudi on prend du vin et de l’huile ; le samedi et le dimanche on prend du poisson, de l’huile et du vin. Le poisson est consommé seulement jusqu’à la fête de saint Nicolas (6 décembre) inclus. Le 21 novembre, mémoire de la Présentation de la Mère de Dieu au Temple, on mange du poisson. Il en est de même les lundis, mercredis et vendredis, s’il y a une fête.
[6] C'était le "minimum" auquel le "peuple" était tenu au XVIIIe siècle.
[7] Ou du moins, par la modération.

Publié dans Vie quotidienne

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