Nostre païre...

Publié le par Albocicade

 

Tout dernièrement, je discutais avec des amis "protestants évangéliques" d'une de leur particularité concernant le "Notre Père" : l'usage ou plutôt, le non-usage qu'ils en font.
Pourtant, à la question des apôtres "Enseigne-nous à prier", Jésus répond "Lorsque vous priez, dites..."
Mais, dans leur rejet historique de tout ce qui pourrait rappeler le catholicisme abhorré, on croirait qu'ils lisent "Lorsque vous priez, ne dites pas..."
Ce qui ne les empêchait d'ailleurs pas, dernièrement , d'étudier ce "modèle de prière" pour nourrir la leur, de prière...
Pourtant, tout le protestantisme n'a pas toujours eu cette curieuse réticence, et Clément Marot y est allé de ses versifications pour faire prier dans la langue du Royaume de France, y adjoignant même un rappel de l'Angelus :
 
Pere de nous, qui es là hault es Cieulx,
Sanctifié soit ton nom precieux:
Advienne tost ton sainct Regne parfaict:
Ton vueil en Terre, ainsi qu'au Ciel, soit faict:
A ce jourd'huy sois nous tant debonnaire,
De nous donner nostre pain ordinaire:
Pardonne nous les maulx vers toy commis,
Comme faisons à tous nos Ennemys:
Et ne permectz en ce bas Territoire
Tentation sur nous avoir victoire:
Mais du Maling cauteleux, et subtil
Delivre nous. O Pere ainsi soit il.
Benoiste soit celle incarnation
Du hault des Cieulx icy bas annoncée
Pour nos Salutz, en salutation
Qui fut ainsi par l'Ange prononcée.
 
Mais le Notre père doit-il seulement prié, ou doit-il aussi être médité ?
 
J'emprunte à une vieille traduction[1] des oeuvres de Thérèse d'Avila[2] ce qui suit :
 
On sçait assez les demandes. Les titres & les noms de Dieu sont les suivans. Pere, Roy, Espoux, Pasteur[3], Redempteur, Médecin & Juge ; de sorte que
le Lundy chacun veillera à s'exciter[4] en disant: Nostre Père qui estes és Cieux, vostre nom soit sanctifié.
Le Mardy : Nostre Roy , que vostre Royaume nous advienne.
Le Mercredy: Epoux de mon ame, que vostre volonté soit faite.
Le Jeudy : Nostre Pasteur : Donnez-nous aujourd'huy nostre pain quotidiens.
Vendredy : Nostre Redempteur : Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons a ceux qui nous ont offensé.
Le Samedy : Nôtre Médecin : Ne nous laissez point tomber en tentation.
Le Dimanche : Nostre Juge : Delivrez-nous du mal.
 
Et les petites notes :

[1] Editée en 1667, p 401.C'est à peine si j'ai modernisé la graphie : bon courage.
[2] Comme ça, protestants et catholiques sont à égalité.
[3] A tout hasard, je rappelle que "pasteur", c'est "berger"
[4] S'encourager, se "motiver" comme on dit aujourd'hui.

Publié dans Cigale en prière

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