Plongée dans un monde inconnu
Mercredi soir, fumée blanche… habent papam.*
J'écoute à la TV un prélat français, voix chevrotante de rigueur, en faire l'annonce en latin.
Attente, puis le voila.
Il parle un peu, en italien, et ses mots sont traduits en toutes langues, dont bien sûr, dans ma télé, en français. Sans difficulté.
Puis il prie. Pas en latin, non, toujours en italien : "Padre nostro che sei nei cieli…"
L'interprète de la grande chaîne de TV se fait hésitante, hasardeuse, bafouille, laisse passer des mots… Manifestement, elle ne comprend pas vraiment ce qu'elle entend, ce qu'elle traduit.
Après le "Notre père", la nouveau pape poursuit avec un "Je vous salue Marie" ; l'interprète patauge de plus belle : cette succession de mots ne lui dit manifestement rien.
S'agirait-il d'incantations d'un rituel bantou qu'elle ne serait pas plus dépaysée.
Je bouillonne : d'accord, cette élection s'est passée plus vite que prévu (prévu par qui, d'ailleurs ?), mais tout de même, ils savaient que ça allait arriver. Encore, s'il avait fait un discours compliqué, j'aurais compris, mais là, "un pater et un ave", quasiment le minimum syndical du catholicisme.
Quoique, c'est peut-être ça le problème : c'est du "religieux", du "catho" qui plus est. Du "qui relève de la sphère privée et doit y rester", et finalement du "qui n'a plus sa place dans la culture commune".
Alors, bien sûr, la chaîne de TV s'est fendue d'un communiqué d'excuse expliquant qu'il s’agissait "d’une traduction instantanée avec les risques et les imprévus que la retransmission d’un moment exceptionnel représente parfois".
Mais cela traduit surtout l'ignorance abyssale de toute référence chrétienne dans laquelle se meut le monde des médias, ce "monde" qui participe si activement à l'éducation des enfants et à la formation de la pensée des adultes.
Craignant de me faire taxer d'esprit chagrin et malveillant, j'invite chacun à visionner la vidéo de ceci, à la suite du communiqué d'excuses .
Petite note pour les non latinistes
* N'étant pas catholique, j'ai pensé "Ils ont un pape". Mais aux lecteurs et lectrices catholiques de ce blog, je dis : "papam habetis" : "vous avez un pape".