Dieu est-il un fumeur de Havane ?

Depuis quelques jours, on nous rebat les oreilles (décollées, comme il se doit) avec le film consacré à Serge Gainsbourg.

Manque de bol, je n'irai pas le voir : je n'ai jamais été amateur des chansons de "l'homme à tête de chou", ni du personnage, d'ailleurs.

Mais son usage immodéré de l'herbe à Nicot me rappelle une anecdote.

C'était sur un chantier.

Un des maçons, grande gueule plutôt mal embouchée, me demande un jour, sur un ton aussi brutal que méprisant : "Et au fait, pourquoi tu fumes pas ?"

Par un étrange retournement de la réalité, j'étais sommé de m'expliquer, comme si fumer était un acte naturel en soi, et que s'en abstenir s'apparentait à une privation à la limite du masochisme, une sorte d'ascèse monstrueuse, un acte asocial, voire sectaire.

Je connaissais le loustic, et avant qu'il ne se lance dans une diatribe me vantant les plaisirs ineffables que ma religion – car une telle attitude ne pouvait que m'être dictée par ma religion, n'est-ce pas – m'interdisait, je lui répondis ceci :

"Il y a tellement de possibilités de tomber malade gratuitement, je ne vois pas pourquoi j'irais payer pour cela…"

De ce jour, nos relations se sont améliorées…

Pour en revenir à la question du titre, je n'en crois rien, bien sûr.

Mais, et cela est bien connu, depuis que Dieu a créé l'homme à son image ; l'homme (et Gainsbourg, grand fumeur de gitanes, n'y a pas échappé) cherche à lui rendre la pareille.

Serge Gainsbourg est mort depuis presque 19 ans…

Paix à ses cendres.