Noms internationnaux

Publié le par Albocicade

Le groupe des motards est revenu, avec, comme chaque année, les incontournables, dont Popaul et Agnès, mais aussi des nouveaux, que nous allons apprendre à connaître.
Comme toujours, l'ambiance est bonne, sympathique. Quoique...
Certaines phrases entendues sont troublantes...  L'un demande : "Tu sais où est l'idiot ?" à quoi un autre répond "Oui, il est allé vérifier sa bécane". Une autre fois "Quelqu'un peut aller réveiller l'idiot, on part dans un quart d'heure", et la réponse, "J'ai entendu du bruit dans sa chambre, il va descendre."
C'était il y a bien des années, alors que nous tenions chambre d'hôtes à la ferme. Et ces réflexions pour le moins désobligeantes sur un membre de leur groupe nous interrogeaient au point que Dame ma Mère s'en ouvrit à Popaul qui, tout sourire, se tourna en direction du groupe qui s'activait auprès des motos et héla : "L'idiot, tu peux venir s'il te plait ?" Un des nouveaux se détacha du groupe et s'approcha, détendu. Se tournant vers Dame ma Mère, Popaul reprit : "C'est vrai que je n'ai pas fait les présentations. Je te présente donc l'idiot, il est d'une famille italienne." Et devant l'air abasourdi de Mère, il précisa "Lidio, c'est le masculin de Lidia".
De fait il existe, c'est incontestable, des prénoms difficile à porter, pour peu qu'ils aient une origine étrangère. Je me souviens ainsi d'une petite fille que sa mère avait prénommé "Imène" (beau prénom arabe qui évoque la foi) et d'une responsable de service social qui s'offusquait d'un prénom si "génital". Elle n'eut de toutes façons pas été plus accommodante si la mère, au lieu d'être arabe eut été russe. Nul doute que le prénom équivalant russe, Véra, lui eut semblé trop "porcin".
Il y avait aussi cette collègue, qui depuis toute petite détestait son nom de famille, probablement grâce aux innombrables quolibets et jeux de mots que ses camarades de classes lui déversèrent dessus année après année. Il est vrai que "Cornichon" est un nom difficile, et il me fallut user de perspicacité pour lui proposer une origine possible (sinon probable) à son nom pour qu'elle se réconcilie avec son patronyme : je lui ai supposé un ancêtre étranger, probablement germanique  nommé "Garnischen" qui ayant immigré en France a vu son nom "simplifié" en "Cornichon" par quelque fonctionnaire de l'Etat-Civil (le cas ne fut pas rare, à une époque).
Bref, les noms étrangers peuvent parfois prêter à sourire. Mais il convient toutefois de faire preuve de retenue, si ce n'est par délicatesse, au moins par prudence.
Par exemple, je me garderai d'esquisser le moindre rictus face à M. Antatanas ABRUTIS : ce sympathique lithuanien dont la photo orne le présent billet fut sacré "homme le plus fort du monde" en 2015. Pas de quoi le narguer.

Publié dans Vie quotidienne

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E
J'ai gardé le souvenir d'une rencontre avec un sympathique couple d'étudiants à Paris, qui envisageaient un long séjour en France. Ils attendaient la naissance d'un garçon et discutaient du choix du prénom; Le père n'envisageait qu'un seul nom, celui de son grand-père : Cléobule. La mère s'opposait farouchement à ce choix, disant " comment peux-tu imaginer notre fils dans une école française où tous ses camarades le poursuivront en l'appelant "bubulle" ! Elle avait anticipé le monde sans pitié des cours de récréation .. J'ignore quel a été leur choix final. Il est vrai que le père pouvait être fier de son propre prénom, s'appelant Démosthène.
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