Des quidams dans la rue

Publié le par Albocicade

Guêtré de blanc, le reste de la tenue à l'avenant, il déambule par les rues, interpellant le badaud étonné dans un italien de pacotille. Il est suivi de trois créatures toutes blanches elles aussi, à l'aspect de femmes, mais grosses de devant et arborant un plumet – que dis-je, un plumet, un panache – à l'arrière.

Sur une place, tous quatre s'arrêtent. Tels des pélicans de légende, les créatures laissent échapper leurs entrailles qui s'enflent, se gonflent, se forment. Sur la place, elles se tiennent, manières d'hippocentaures inversés : la tête, le garrot, les antérieurs, même la queue, tout est du cheval, ou presque. Seuls les membres postérieurs – et la tête qui émerge de la croupe – sont humains.

La musique – depuis le début, il y a une musique qui accompagne, qui signale, qui attire – donne la cadence, entraînant le groupe des immenses centaures lumineux dans une parade que le maître de cérémonie règle de la voix, du geste, de la plume. Car en guise de badine, il n'a qu'une immense plume blanche, légère, aérienne, délicate.

Arrivés à une place environnée de gradins, la troupe s'arrête, se fige. Puis débute une sorte de séance de dressage, ballet  tout en finesse.

Je regarde, étonné. Les "chevaux" ont beau n'être que des sortes de baudruches pleines de vent, je me laisse prendre, leur devine des émotions, leur prête des sentiments. Mieux, un nom me vient... Frédéric Pignon., et son travail de dressage tout en gestes simples, doux. Nulle menace ou contrainte chez lui, comme aussi chez notre Maître de Spectacle. Parenté de travail illusoire, certes, puisque là, sur cette place, ce n'est que théâtre et illusion ; mais tout de même.

Un autre nom me vient, remontant de loin dans ma mémoire devant cette poésie en geste... un ami d'il y a longtemps, perdu de vue mais pas de coeur : Hal Collomb. J'apprendrai, par la suite, qu'il n'est pas étranger à cette réalisation.

Bref, il est rare que je m'extasie devant un spectacle, mais là... j'ai été bluffé.

J'avais entendu parler de cette "Compagnie des Quidams", et de son spectacle "FierS à Cheval". Là c'était l'occasion, et aucun de nous n'a été déçu d'avoir du faire un peu de route pour les voir.

Alors... s'ils passent par chez vous : n'hésitez pas.

 

PS : Là, ils étaient à trois "chevaux"... parfois, ils sont à plus de 10... je n'ose imaginer.

 

Publié dans Vie quotidienne

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