Servage
Quand j'étais minot, on nous expliquait – à l'école – qu'au Moyen-Age, les paysans étaient attachés à la terre qu'ils cultivaient, et que si le seigneur décidait de vendre ces terres à un autre, les paysans étaient vendus avec.
Et nous, gamins, étions saisis d'horreur devant ce marchandage humain.
Loin de moi l'idée de me faire l'apologète du servage, qui interdisait au paysan de quitter sa terre et son seigneur sous peine de devenir "hors-la-loi", sauf à être préalablement affranchi par ledit seigneur. Toutefois le fait que les serfs aient été cédés au nouveau maître – idée qui nous scandalisait – m'apparaît sous un autre jour.
En effet, imaginons que les terres aient été cédées "nues", que seraient devenus ces paysans ? Des sans-terre et sans-logis (puisque bien souvent leurs demeures, bories ou cabanes étaient sur les terres qu'ils exploitaient) ; alors que là, au moins, leur maigre pitance était assurée. D'autant que travaillant ces terres depuis des générations, ils les connaissaient bien, ce qui est toujours mieux que de devoir défricher de nouveaux champs arrachés à la forêt...
Même si, bien sûr, rien ne garantissait que le nouveau maître valait le précédent...
Sans doute que j'idéalise la situation d'alors, mais le parallèle m'a sauté aux yeux ces derniers jours : l'entreprise dans laquelle je travaille a été rachetée. C'est donc un nouveau propriétaire ; mais sur le fond ça ne devrait pas changer grand chose.
Enfin... j'espère.