L'odeur
Séance à l'ordinateur : des mails en retard, des documents à lire, mettre à jour les remarques sur la relecture du livre...
Soudain, une odeur. Ténue, subtile, mais présente. Je me tourne vers Dame Cigale : "c'est quoi cette odeur ?".
Elle ne sent rien, n'a rien senti.
D'ailleurs, moi non plus, je ne sens plus rien.
Quelques minutes encore, et de nouveau, je sens... comme une note épicée, ou citronnée, je ne sais pas. Serait-ce sur mes mains ? Non.
Viendrait-elle de la cheminée ? Non, s'il m'arrive de brûler des bois qui "sentent", ça n'a rien à voir.
D'ailleurs, elle est fugace, cette odeur.
Je me lève et approche mon nez des deux icônes qui encadrent le bureau. Non, l'odeur ne vient pas de là.
C'est un vrai mystère, d'autant que Dame Cigale m'affirme n'avoir rien mis à brûler.
Oh, j'en vois qui ont froncé les sourcils... pourquoi donc ai-je "reniflé" les icônes ?
Ben... pour savoir si l'odeur venait de là, tiens !
Oui, je sais, cela peut paraître curieux, voire aberrant, et pourtant c'est rigoureusement logique : j'ai une icône sculptée de St Seraphim de Sarov, offerte par un ami, qui exhale parfois un parfum étonnant. Léger, subtil, certes, et pourtant indéniablement présent. Un parfum qui n'a rien à voir avec le bois utilisé (du pin), ni avec l'huile de lin qu'elle a reçu. Un parfum sans aucun doute descriptible... encore faut-il disposer du langage approprié, ce qui n'est pas mon cas.
Alors, certes, je ne sais pas comment cela se produit, mais l'ayant à plusieurs reprises constaté, je sais que "c'est possible"... et c'est pourquoi, logiquement, je me suis demandé si l'odeur que je sentais à mon bureau ne provenait pas de ces autres icônes. Après tout, l'attitude anti-scientifique eut été de ne pas les "renifler" au prétexte que ce n'est pas "possible"...
Pendant ce temps, dans la pièce au dessus, la Grande cigale bûchait un devoir de philo sur "raison et religion"...
J'ai eu l'explication de cette odeur le lendemain : Dame cigale passe à coté de moi, avec cette même odeur, assez forte. Je la questionne.
"Oui, c'est un mélange d'huiles essentielle que je viens de prendre avec une cuillère de miel..."
"Et hier ?"
"Ah, oui, tu as raison, j'en avais pris aussi..."
Bon carême à chacun !
D'une part chez le Pravoslave irénique, et d'autre part chez le Hiéromoine Cassien.