Vous qui entrez…
Selon Dante, au dessus de la porte de l'enfer se trouve écrit " Lasciate ogne speranza, voi ch'intrate" (Enfer, III.9), c'est à dire, "Vous qui entrez, laissez tout espoir"…, ce qui de manière tout à fait anachronique, m'évoque irrépressiblement les inscriptions qui dominaient l'entrée des camps d'extermination nazis. Des lieux de terreur, de souffrance ; sans issue et à l'intérieur desquels tout était mis en œuvre pour bannir secours et espoir.
En contrepoint, je repense à l'Eglise St Seraphim de Sarov, en banlieue parisienne.
Passée la porte d'entrée, dans le bref espace qui tient lieu de vestibule, levez les yeux.
Surplombant le passage, le Christ. Son icône, encadré des premiers mots (en slavon) de son appel :
Venez à moi, vous qui êtes fatigués
et chargés, et je vous donnerai du repos.
Et chacun est invité, au cours de la Liturgie, à s'approprier ce réconfort. En particulier au cours de l'Hymne des Chérubins :
Nous qui, dans ce mystère,
représentons les chérubins
et chantons l'hymne trois fois sainte
à la vivifiante Trinité,
déposons, déposons maintenant
tous les soucis du monde
pour recevoir le Roi de toutes choses
invisiblement escorté par les armées des anges
La majestueuse lenteur de ce chant permet de se laisser imprégner par les paroles, de les intérioriser. Hors de toute précipitation, presque hors du temps, s'enracine en nous cet apaisement du Royaume. Non pas en une fuite, mais bien comme un ressourcement.
Après tout, il n'y a pas d'obligation à vivre uniquement de ce que notre société matérialiste (certes teintée d'humanisme) nous propose comme si c'était le tout de la réalité !
Finalement, à l'entrée des Eglises devrait pouvoir être écrit :
"Vous qui entrez, laissez tout désespoir."