Sic transit gloria mundi
"C'est ainsi que disparaît la gloire de ce monde…"
Disons-le tout de suite, je ne connais pas la Tunisie.
Alors, pourquoi me mêler d'en parler ? Effet de contagion, probablement. Et aussi parce que je suis assez effaré par la manière dont les choses sont dites.
Ainsi, j'entends journalistes et politiques encenser "la première révolution populaire dans le monde musulman", comme si celle de 1979, en Iran, n'avait jamais eu lieu. Bien sûr, l'Iran n'est pas un bon exemple, et les pays occidentaux – France en tête – qui ont soutenu le régime autoritaire de Tunisie l'ont fait justement parce qu'ils considéraient Ben Ali comme le meilleur rempart contre un émule de Khomeiny, ou le chaos qu'a connue l'Algérie à l'époque du FIS.
J'entend dire que la ministre française des Affaires Etrangères aurait proposé d'envoyer des troupes pour aider Ben Ali à réprimer les manifestations. Pourtant, son propos (comme on peut le voir par exemple ici) était de venir coacher la police tunisienne "pour que le droit de manifester puisse se faire, en même temps que l'assurance de la sécurité", c'est à dire sans se faire tirer dessus, comme cela se passe dans les démocraties…
J'entend parler du "peuple tunisien", comme si les "peuples" étaient des entités cohérentes, existant par elles-mêmes. Comme si c'était les "peuples" qui prenaient le pouvoir et non pas des personnes, des groupes qui s'opposent à d'autres groupes au sein des "peuples".
J'entend des approximations, des contre-vérités, et au milieu de tout cela j'espère pour les tunisiens. Qu'est-ce que j'espère ? Je ne sais pas trop…
Que ce ne soit pas les plus extrémistes qui s'emparent des commandes, en tous cas.
Et je note que 32 ans jour pour jour (enfin, à deux jours près) après la fuite du Shah d'Iran, c'était celle de Ben Ali. Et les journalistes qui – hier encore – ne parlaient que du "Président Ben Ali" ne connaissent plus que "l'ex-dictateur".
Sic transit…