Objectif dune
Il a quitté sa montagne aux hivers rigoureux, aux neiges abondantes, il y a bien des années, peu de temps après le baptême de la grande cigale dont il est le parrain. Et depuis ce temps, nous nous étions promis d'aller le voir là bas, presqu'au bout du monde, au bord d'un océan.
Cette année, toutes les conditions ayant enfin pu être réunies (enfin "de vraies vacances en famille", comme dit Dame Cigale), nous avons pris la route pour un autre monde.
Car, ainsi que je l'ai déjà signalé, pour moi, la mer, c'est très théorique.
Bref, après d'innombrable heures de route, nous arrivons là où les gens vivent avec l'horaire des marées dans le portefeuille…
Montage des tentes à côté du mobile-home de notre hôte, installation des matelas… nous voici parés pour une première rencontre avec le sac et le ressac des rouleaux de l'immensité bleutée. Ah, non, l'eau clapote péniblement, grise, et même avec seulement dix centimètres, on ne voit pas le fond. C'est vrai que nous sommes à la sortie d'un estuaire… ça doit jouer… on fera mieux demain.
Une des spécialités du lieux, c'est les fruits de mer… les moules en particulier. Notre hôte nous vante "l'éclade", une manière tout à fait typique de les préparer. Je n'aurais qu'un conseil à donner: avant d'en commander dans un restaurant, arrangez-vous pour goûter une moule cuite de cette façon (quitte à quémander à la table voisine) : vous saurez immédiatement si vous aimez ou non. Pour ma part, rien qu'à y repenser, j'en ai l'estomac qui chavire…
Quoique vivant fort chichement, notre hôte s'est offert un tout petit bateau sur lequel il nous emmène faire un petit tour : sortir du port au moteur, se planter sur le fond (ah, oui, on est parti un peu tôt, à marée basse), attendre que ça monte pour franchir la passe, direction une belle dune de plusieurs centaines de mètres qui nous sépare de la pleine mer. Là, il vient doucement s'échouer sur le banc de sable, jette l'ancre qu'il accroche sur le sec. De là, les cigales traversent la dune pour se faire bousculer par les vagues de la marée montante.
Durant ce temps, notre hôte sort les deux voiles et les installe pour une petite leçon de navigation.
Après nous avoir affronté aux courants de marée montante, aux vents (plutôt mous ce jour là), fait barrer les cigales (j'ai écrit "barrer", pas "partir", ça n'a pas le même sens en sur mer et sur terre), il nous ramène sur la dune, le temps de ranger les voiles. Pendant ce temps là, ma main se balade sous la coque et en ramène une poignée de belles moules, puis une autres puis… bref, ce soir là, ce fut "moules marinières pour tout le monde".
Bien sûr, nous sommes au bord d'un océan, ça change le climat : d'averses en ondées, il fait parfois humide. Ce qui ne gène absolument pas nos plus proches voisins, des nématocères tout ce qu'il y a de commun, mais d'une voracité exemplaire ! C'est indéniablement une des joies du camping.
Il y en a des choses à découvrir, voir, visiter dans cette région : que ce soit une réserve ornithologique, une île avec ses plages, un port historique, ou encore un immense "aquarium" (le plus grand du pays, tout de même) ! Mais les jours peu nombreux passent vite, et il nous faut à regret prendre congé de notre hôte, plier les tentes entre deux averses puis prendre le chemin du retour et avaler dans l'autre sens kilomètres et embouteillages jusqu'à retrouver notre campagne : finalement, si on est bien au loin, on est bien aussi chez soi…
Au fait, que faisions-nous, avec Dame Cigale, tandis que notre hôte préparait les voiles ? Ben, "on a marché sur la dune".
PS : la photo de la dune a été prise du bateau de notre hôte, beaucoup plus modeste que les bateaux que l'on peut apercevoir...