Le brouillon
Enfin ! ça y est… après des mois, que dis-je – des années – de lectures sans fin, de recherches hasardeuses, de découvertes improbables et de fausses pistes avérées, de réorganisation des informations et de réécriture de paragraphes entiers, de dictionnaires empilés et de nuits écourtées, de périodes d'enthousiasme et de moments de lassitude, j'en suis venu à bout.
Parce que ce n'est pas rien, tenter de traduire Abu Qurrah !
Chaque information doit être vérifiée, contrôlée. Ainsi, par exemple, qu'en est-il de cette traduction en russe, réalisée en 1611, signalée par un auteur soviétique et qu'aucune autre source ne mentionne ? Après une semaine d'échanges de mails avec un fort serviable chercheur russe basé à Moscou, il a été possible de l'identifier et de dissiper les inexactitudes qui s'étaient glissées dans les deux lignes qui avaient attiré mon attention.
Bon, quand je dis que j'en suis venu à bout, j'exagère : je n'en suis pas encore à envoyer mon travail à un éditeur. Connaîtra-t-il seulement ce sort un jour, ou, comme la traduction slavonne de 1611, restera-t-il à jamais à l'état de "manuscrit" ?
Pourtant, je suis venu à bout d'une étape.
Je viens d'envoyer mon "brouillon" à un homme aussi compétent que bienveillant, demeurant au-delà des mers, qui accepte d'y jeter un œil sagace.
Alors, bien sûr, ça n'a l'air de rien, un brouillon.
Mais présenter un brouillon sans rature, structuré, avec les renvois de notes correctement numérotés… c'est déjà un gros boulot.
Et là, je sens que je vais souffler un peu…