La sphragis

Publié le par Albocicade

sphragis
7 juin 1991, après le travail.
Je déambule, désoeuvré, dans les rues de Montpellier.
Une échoppe, des livres d'occasion.
Je farfouille et m'arrête sur "Bible et Liturgie" de Daniélou.
Je l'ai lu avec enthousiasme, comme d'autres dévorent un bon roman.
Pourquoi évoquer ce souvenir aujourd'hui ?
 
Une fidèle lectrice de ce blog m'a tout récemment, suite à ce billet, envoyé une série de photos prises lors d'un voyage en Ethiopie.
Si toutes sont une plongée dans un monde à la fois proche et inaccessible, celle que j'ai placée en haut de ce billet m'a stoppé net : la sphragis !
 
Mais qu'est-ce à dire ?
Originellement ce mot grec (σφραγίς) servait à désigner le sceau, l'empreinte, le "tampon" qui authentifiait un document, mais aussi la marque de propriété sur les animaux d'un troupeau, et même le tatouage apposé sur le bras du légionnaire romain au moment de son enrôlement.
 
Dans l'Eglise, le mots s'est mis naturellement à désigner d'abord le baptême, et conjointement le signe de la croix que le prêtre trace sur le front du nouveau baptisé. Tous les sens profanes du terme conviennent : appartenance au Bon Berger, enrôlement dans les troupes du Roi de l'univers, authentification de la foi du baptisé. Avec en outre – provenant de l'Ancien Testament – la notion de la protection liée à ce signe.
En effet, la marque apposée par l'ange sur le front des fidèles (Ezech 9. 4-6) est un "tav", dernière lettre de l'alphabet hébreu, qui avait à l'époque la forme d'une croix
 
Bref, c'est un peu tout ça que j'ai vu dans cette photo, avec en arrière plan l'étude sur la sphragis  qui constitue le chapitre 3 de "Bible et Liturgie".
 
Bien sûr, l'Ethiopie n'est ni la France, ni la Grèce ou la Russie, et là-bas, lorsque le prêtre trace le signe de la croix, il ne fait pas dans le délicat. Mais dans des cultures où les scarifications sont des signes d'appartenance, le sens théologique prend le langage local pour être compris.
 
Comme l'étude de Daniélou est beaucoup plus complète que ce que j'ai pu en dire, je me suis mis en quatre pour vous permettre de la lire. Hélas, et à mon grand désarroi, les éditeurs après m'avoir fait lanterner un moment m'ont opposé une fin de non recevoir : je n'ai pas le droit de la mettre en ligne. Il ne me reste qu'à espérer qu'un jour je la dénicherai sur le net, auquel cas je ne manquerais pas de le signaler. En attendant, j'ai décidé de quand même poster ce billet, pour incomplet qu'il soit.
Le texte en est toutefois accessible pour les anglophones (The Bible and the Liturgy), et les hispanophones (Sacramentos y culto segun los santos padres). Le chapitre sur la Sphragis est donc Chap 3.
 
 

Publié dans Vie quotidienne

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O
<br /> merci pour cet article - amicalement<br />
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I
<br /> Signalons aussi que l'on trouve cette croix tatouée (et non scarifiée) sur le front d'un certain nombre de femmes berbères. On peut penser qu'il s'agit là d'une rémanence d'une coutume antique<br /> chrétienne, bien que cette population soit devenue depuis majoritairement musulmane.<br /> <br /> <br />  <br />
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