La ptite bête qui chante, qui chante…
Les animaux ne sont guère présents dans les églises (à part quelques araignées qui joignent dévotement leurs huit pattes, et – paraît-il – ici ou là quelque coccinelle). Je ne mentionne que pour mémoire les punaises de sacristies. Quant aux grenouilles de bénitier, ce sont des espèces exclusivement catholiques (vu l'absence de bénitier dans les églises orthodoxes).
Cependant, comme toute la création, ils participent à la Liturgie.
Chacun sait que, par exemple, les arbres sont appelés à "battre des mains" (et jetez un petit coup d'œil à la colonne de droite, sur la page d'Esaïe)
Mais comment les animaux participent-ils à la Divine Liturgie ?
En prêtant leurs voix.
Qu'est-ce à dire ?
Durant la Liturgie, le prêtre dit :
Il est digne et juste de te chanter, de te bénir, de te louer, de te rendre grâce, de t’adorer en tout lieu de ta domination, car tu es un Dieu inexprimable,
incompréhensible, invisible, insaisissable, existant de toute éternité, identique à toi-même, toi, ton Fils Unique et ton Esprit Saint.
C’est toi qui nous as conduits du non-être à l’être, qui nous as relevés après la chute et qui ne cesses de tout faire pour nous ramener au ciel et nous donner ton Royaume à venir.
Pour tout cela nous te rendons grâce, à toi, à ton Fils Unique et à ton Esprit Saint, pour tout ce que nous savons et pour tout ce que nous ignorons, pour les bienfaits visibles ou invisibles que
tu as répandus sur nous.
Nous te rendons grâce aussi pour cette liturgie que tu daignes recevoir de nos mains, bien que tu sois servi par des milliers d’archanges, des myriades d’anges, par les chérubins et les séraphins
aux six ailes et aux innombrables yeux, qui volent, sublimes, dans les hauteurs.
Chantant, clamant, criant l’hymne de victoire et disant :
A quoi tous répondent en chantant :
Saint, Saint, Saint, le Seigneur Sabaoth.
Les cieux et la terre sont remplis de ta gloire.
Hosanna au plus haut des cieux.
Béni est celui qui vient au nom du Seigneur.
Hosanna au plus haut des cieux.
C'est dans un article d'Av Alexandre que j'ai trouvé cette explication de la phrase "Chantant, clamant, criant l’hymne de victoire et disant…" (Τον επινίκιον ύμνον άδοντα, βοώντα, κεκραγότα, και λέγοντα):
chantant… comme les oiseaux,
clamant… comme les animaux,
criant… comme les fauves
et disant… comme les humains, les paroles humaines ayant un sens.
Ainsi, ce ne sont pas les seuls anges, chérubins et séraphins qui chantent la sainteté de Dieu, ni même uniquement les humains avec eux, mais tous les animaux…
Notons au passage que cette interprétation est tout à fait traditionnelle dans l'Eglise, et on la retrouve, par exemple, dans le livre d'Andronikoff : "Le sens de la Liturgie".