Imprévoyance
Elle déboule, pressée, fébrile.
Il lui faut du gaz, une bouteille de gaz maintenant, tout de suite.
D'ailleurs, elle le dit sur un ton de reproche au vendeur : "C'est bien le moment de tomber en panne, un jour comme aujourd'hui !"
Lui, sans doute habitué, de répondre, faussement naïf : "Mais comment fait-on pour tomber en panne de gaz ?"
Elle, emportée par son soucis : "Vous comprenez, j'ai du monde à la maison et j'étais en train de cuisiner… Mais il faut toujours que ça tombe en panne quand on cuisine !"
Comme truisme, on fait difficilement mieux. C'est d'ailleurs pourquoi, dans ma campagne, tout le monde (enfin… tout le monde ou presque) a deux bouteilles de gaz dans sa maison ; c'est comme d'avoir du bois d'avance pour l'hiver… c'est juste logique.
D'ailleurs le vendeur lui en fait obligeamment la remarque pour lui éviter que ce même désagrément se reproduise à chaque fois.
La réponse laisse pensif : "Ha non ! Et puis, c'est trop lourd…"
Je ne la connais pas, mais son attitude m'évoque irrésistiblement les cinq bécasses qui tambourinent à la porte du Paradis après avoir tiré du lit un marchand. Sauf que pour elles, c'était trop tard.
Il faudra relire le dialogue de St Seraphim de Sarov avec Motovilov…