Flashback de Pâques

Journée de travail enfin achevée, nous roulons vers l'Eglise.
A l'arrière, trois cigales : les deux nôtres, bien sûr, et une de leurs copines qui a absolument tenu à venir :
- S'il te plait, papa ; s'il te plait, maman ! Laissez-moi aller à la liturgie de Pâques avec eux !!!!
Et les parents ont accepté.
Dans l'après-midi, les grandes ont participé à un atelier de décoration d'œufs chez les sœurs du Carmel.
- Et nous leur avons chanté "Le Christ est ressuscité".
D'ailleurs, les cigales entonnent :
Le Christ est ressuscité des morts,
Par la mort il a vaincu la mort :
A ceux qui sont dans les tombeaux,
Il a donné la Vie
Et cela continue en une espèce de mini-répétition spontanée.
Ça tâtonne, ça cafouille, mais peu à peu, paroles et mélodies remontent du fond des mémoires où elles s'étaient blotties depuis l'an dernier.
- Attend, quand le prêtre sort du fond, avec le cierge allumé et qu'on va tous y allumer le nôtre… Ah, oui…
Venez, recevez la lumière
De la Lumière éternelle
Et glorifiez le Christ
Ressuscité d'entre les morts
- Et quand on fait le tour de l'Eglise ! C'est comment déjà ? Et j'espère qu'il n'y aura pas trop de vent ; à chaque fois il faut que je rallume mon cierge à celui de quelqu'un d'autre.
Ta résurrection ô Christ sauveur
Les anges la chantent dans les cieux
Accorde à ceux qui sont sur terre
De te glorifier avec des cœurs purs !
- Et puis "Jérusalem…" c'est comment, déjà ? "Rayonne" ?
- C'est "resplendis"…
Resplendis, resplendis, nouvelle Jérusalem
Exulte, Sion, et sois dans l'allégresse
Et toi, Mère de Dieu très pure, réjouis-toi
Ton Fils est ressuscité !
Puis, la route étant longue, elles passent à autre chose : il y aura bien le temps, tout à l'heure, de les chanter encore et encore…
Nous arrivons.
La liturgie n'est pas encore commencée. J'entre dans l'église. Pas une lumière ; il y fait sombre comme dans une tombe. Au milieu, à plat sur une table basse, l'épitaphios, une grande icône brodée représentant le Christ mort.
C'est encore le temps du deuil. "En ce jour là, ils jeûneront…"
Je me prosterne. Ce n'est pas la broderie que j'embrasse, ce n'est pas à l'épitaphios que je m'adresse : je suis dans le tombeau du Christ, Il est là…
Tout à l'heure, je chanterai sa résurrection avec les anges et l'Eglise. Mais pour le moment, c'est un cœur à cœur silencieux.
Quant au reste, préparer la chambre en ajoutant des matelas (il faudra bien que tout notre petit monde dorme après les agapes), démouler la paskha et l'apporter à l'église (bon, du coup, j'ai raté une partie de la liturgie), puis la liturgie (qui cumule tout à la fois la beauté des yeux, l'attention de l'ouie, l'implication du corps, la richesse du sens et la joie du cœur) et enfin les agapes (qui se prolongèrent paisiblement jusqu'à une heure indue), de tout cela, je ne dirais rien… J'ai été bien assez long pour aujourd'hui.
Christ est ressuscité !