Entre les murs

J'entre dans l'église. Douce pénombre à laquelle mes yeux s'habituent peu à peu après la lumière de dehors.
Métanie. Dieu est présent partout, aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur, mais puisque j'entre dans "sa" maison, je salue le Maître des lieux.
En fresque, dans le sanctuaire, le Christ – image visible du Dieu invisible (Col 1.15) – et devant lui, le prêtre qui s'affaire.
Prenant un cierge, je m'avance vers la grande icône du Christ, à l'entrée du sanctuaire, à droite des "portes royales". Mon corps s'approche de l'icône, mais c'est devant le Christ lui-même que je me prosterne.
Ayant allumé mon cierge à la flamme d'un autre, je l'installe devant l'icône : quelle que soit la position du cierge, la flamme monte toujours… "que ma prière monte vers toi comme l'encens…"
Puis, regardant le Sauveur, je lui dit le secret de mon cœur : "Seigneur Jésus, Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur".
Tout autour sur les murs, entourant le Christ, ils sont là, nombreux. Représentés en fresque ou en icône : les saints.
Parmi ceux que je connais, il y en a certains que j'affectionne particulièrement : hommes rudes, austères, certes, mais d'une grande patience, d'une douceur à toute épreuve, d'une compassion sans borne.
D'autres que je regarde avec un brin de méfiance : de grands hommes, oui, des hommes de Dieu, incontestablement, mais (selon ce que je sais d'eux) qui furent parfois un peu trop "vifs", se laissant à l'occasion emporter par des colères pas toujours justifiées…
Je voudrais ressembler aux premiers, mais ceux qui me connaissent m'identifieront spontanément aux seconds (pour ce qui est du caractère, cela va de soi…)
Bien sûr, même ces derniers sont entrés dans la Lumière éternelle de Dieu (qui donc a dit "C'est par grâce que nous sommes sauvés" ?… ce qui me laisse beaucoup d'espoir) et sont maintenant pacifiés, tandis qu'en moi…
Et je repense à cette parole du P. Jean-Marie, à Chelles :
"Dans une église, les saints sont sur les murs ;
entre les murs, il n'y a que des pécheurs."