En suivant le GPS
Quelques jours de congés, un escapade en solitaire (puisque les autres cigales sont soit au travail, soit à l’école) direction l’Ariège.
Départ dimanche avant l’aurore, quelques heures de route puis, au niveau de Carcassonne, je bifurque sur la gauche : il y a un monastère dans le coin, et je suis dans les temps pour participer à la liturgie.
Dans la chapelle, je suis simple laïc.
Fatigue de la route, ressourcement de la prière, présence du Sauveur…
Après la liturgie, je vais voir le moine acolyte, pour lui demander conseil : j’ai remarqué que son encensoir est toujours prêt quand il faut… Avec bonté, il accueille mes questions, me répond dans un français plein de bonne volonté. « Vous êtes roumain ? » « Non, brésilien… »
Il me faut reprendre la route : je suis encore à plus de deux heures de mon objectif.
En quittant le chemin du monastère, je vois que le GPS m’invite à prendre la direction opposée à celle que j'envisageais. Allons, bon ! Puisque rien ne presse, partons à la découverte.
Quelques kilomètres plus loin, un village au nom familier : St Polycarpe.
St Polycarpe de Smyrne, un sacré martyr !
Et puis aussi, c’est une vieille histoire, St Polycarpe et moi : un des premiers textes patristiques que j’ai lu.
Le village est petit, l'église médiévale magnifique.
Je me gare. La porte est ouverte. Dans le vestibule (qui est aussi la base du clocher) un escalier vertigineux.
Puis l’église, toute en longueur. Si l'extérieur est impressionnant, l'intérieur semble plus banal.
Au mur, un tableau représentant le Christ en croix avec, de part et d’autre, St Polycarpe et St Benoît : il est vrai que l’église était l’abbatiale d’un monastère bénédictin. D’autres tableaux, très XVIIIe siècle, trop sombres. Sous l'autel, des reliquaires anciens…
Banal ? Je lève les yeux : là-haut, quoique relativement effacées, des fresques romanes, splendides (ici, là ou encore là, par exemple)
Il faudrait pouvoir se rapprocher, mieux éclairer, mais déjà ce que je vois est impressionnant.
Mon regard redescend et, surprise, arrive sur une icône grecque de St Polycarpe, offerte par la famille d'un nommé "Polycarpe", justement.
La boucle est bouclée.
Du coup, j'ai eu envie de rendre plus accessible les documents concernant Polycarpe : la lettre qu'il écrivit aux chrétiens de Philippe, la lettre que St Ignace lui écrivit, et bien sûr, le récit de son procès et de son martyre.
J'ai rassemblé tout ça dans un document que j'ai mis en ligne sur Scribd et sur Archive.
Et qu'il me soit permis de le faire aussi comme une sorte d'hommage à celui de qui je suis redevable d'à peu près tout ce que je sais au niveau patristique : tandis que j'étais là, dans cette église, il vivait ses derniers instants sur terre…