Dans le ciel et sur la terre…
Comme à chaque liturgie, l'encensoir se balance au bout de ses chaînes, tel un crochet de grutier.
Une grue qui ferait le lien entre le sol et le ciel.
De discrètes volutes de fumée s'élèvent, prière silencieuse.
Quoique… pour ce qui est du silence… schgling, schgling, schgling, à chaque mouvement, il se fait entendre l'encensoir.
Et ce n'est pas un léger tintement, encore moins une douce ligne mélodique. Non, à chaque secousse, il répète la même chose, par la bouche de ses douze grelots suspendus aux chaînes.
Ils viennent de loin, ces grelots !
Déjà Aaron, en tant que grand-prêtre en portait à la frange inférieure de ses vêtements (Ex 39.24-26).
Sur l'encensoir, il y en a douze, comme les anciennes Tribus d'Israël, comme les Apôtres.
Et tous répètent inlassablement et d'une seule voix "Consacré au Seigneur !" (ou "Sainteté au Seigneur !" Zach 14.20)
Mais revenons sur terre, puisque c'est là que nous vivons, en France où, bientôt, il y aura des élections.
Et justement, il en parle, le prêtre, c'est tout juste s'il ne donne pas des consignes de vote. Pourtant, ce n'est pas aux fidèles qu'il s'adresse, mais à Dieu :
"Souviens-toi, Seigneur,
de toute autorité et pouvoir et des forces armées.
Les bons, conserve-les dans ta bonté ;
les mauvais, rends-les bons dans ta tendresse."
et plus loin
"Préserve, Seigneur, cette ville, toute ville et tout village
de la famine, de la destruction, des tremblements de terre,
des inondations, de l’incendie, du glaive,
des invasions et de la guerre civile."
En fait, non, il n'essaie pas de faire entrer la campagne électorale dans le sanctuaire : c'est tout simplement dans la Liturgie de St Basile, la liturgie utilisée durant le carême.
Il n'en est pas responsable, le prêtre, si la campagne pour les présidentielles tombe toujours durant le Grand Carême…