Bien ancré
C'était dans une quelconque "moyenne surface" alsacienne, il y a deux ou trois lustres.
Passant devant le rayon des bières (oui, il paraît qu'il y en a, en Alsace), mon regard reste accroché par une étiquette : Ancre.
Il y a bien longtemps que l'image de l'ancre me plait. Pour moi, qui suis d'un pays de montagnes, elle évoque une forme de stabilité. Certes, elle n'empêche pas d'être ballotté,, secoué, malmené par les vagues, mais au moins celui qui est ancré n'est pas entraîné on ne sait où par des courants incontrôlables.
Et puis, l'ancre est un des plus anciens symboles que les chrétiens persécutés ont utilisé : non seulement elle permet d'y dissimuler une croix (bien pratique comme signe de reconnaissance discret), mais en outre c'est une allusion directe à une parole de l'Apôtre "Cette espérance, nous la possédons comme une ancre de l'âme, sûre et solide" (Epître aux Hébreux, 6.19).
D'ailleurs, pour en revenir à ma bouteille de bière, il n'y a pas à s'y tromper : sur le pourtour de l'étiquette, en petits caractères, se trouve écrit "Anciennement brasserie de l'espérance".
C'était un autre temps.
Aujourd'hui, j'apprend que d'autres brasseries, en l'occurrence Kronenbourg, soutiennent financièrement un festival de "Métal" pompeusement intitulé "Hellfest" : "festival de l'enfer".
A grand renfort de musique qui cogne, de maquillages macabres, de mines patibulaires, de thématiques haineuses, vous voici dans le royaume du mal-être, de la provocation à "deux balles"* et de la désespérance.
Il paraît que, là encore, c'est de l'art.
Sérieusement, il y a des moments où l'âme a besoin d'être bien accrochée !
* J'écris "provocation à deux balles" : quand certains groupes sur scène appellent à tuer des chrétiens ou à brûler des églises et que le public en délire hurle sa joie, cela reste pour le moins… déplaisant