Avant la résurrection

Consciemment ou non, nous attendons et espérons une résurrection dans un "corps" sinon jeune, du moins en bonne santé et relativement vigoureux.
De fait, l'apôtre Paul en parle bien ainsi (1 Cor 15.42-44):
Le corps est semé corruptible; il ressuscite incorruptible;
il est semé méprisable, il ressuscite glorieux;
il est semé infirme, il ressuscite plein de force;
il est semé corps animal, il ressuscite corps spirituel.
Oui, mais avant ?
Je suis récemment allé rendre visite à un ami, prêtre jésuite, devenu aveugle avec l'âge. Il est – depuis peu – dans une maison de retraite spécialisée, et de tous les résidents - prêtres pour la plupart - il est un des plus valides.
Durant la messe, je les vois, qui sur sa chaise roulante, qui sur son banc, l'un avachi, l'autre secoué de spasmes…
Tous chantent d'une voix essoufflée, éraillée, chevrotante quelques cantiques connus par cœur.
Quel était l'évangile de ce jour là ? Je n'en sais rien.
Durant toute la célébration, je ne pense qu'à la "résurrection de Lazare".
Bien sûr, ils ne sont pas morts, mais tellement affaiblis, tremblotant…
"Celui que tu aimes est malade..."
Tous ces hommes qui, leur vie durant ont voulu être amis du Christ, témoins de Son amour… Comment ne pas leur souhaiter de "rajeunir comme l'aigle" ?
En attendant, il ne manque presque que le "il sent déjà…"
Et encore, même pas !
La personne devant moi a dû "s'oublier"… c'est une véritable infection.
Coup de blues.
Et moi qui ne suis pas (du tout) un fan de Brel, je me surprends à fredonner in petto, après la messe :
Mourir, cela n'est rien,
Mourir, la belle affaire,
Mais vieillir, ah, vieillir…
Comment ils disaient, dans le Domostroï ?
Ah, oui :
Enfants, obéissez aux commandements du Seigneur : aimez votre père et votre mère… Honorez leur vieillesse : de toute votre âme, assumez le fardeau de leurs maladies, de leurs chagrins
Ou comme on le trouve sur un site catholique :
Du nouveau-né au vieillard grabataire, en passant par celui qui est handicapé, tous sont aussi pleinement homme.