Echos du Congrès : 1
Du 30 Avril au 3 Mai 2009 s'est tenu à Amiens le 13e Congrès de la Fraternité Orthodoxe en Europe Occidentale.
Je m'étais fait un devoir d'y participer. Du coup, je vais tenter d'en donner - en plusieurs billets - quelques instants tels que je les ai vécu.

En route...
A peine quitté le travail, il faut se précipiter : en général, les trains n'attendent pas.
De fait, après avoir récupéré mes bagages, fait en voiture les 25 kms qui me séparent de la gare (en évitant les excès de vitesse intempestifs), puis trouvé une place pour me garer, j'entre dans la gare au moment précis où retentit la sonnerie qui annonce l'arrivée du train.
A deux minutes près...
Première étape : Paris. J'ai vécu pas loin de 12 ans en région parisienne, mais c'était il y a longtemps. J'ai désappris. Métro, RER, couloirs... je ne sais plus.
Et le bruit. Une bonne heure d'attente dans cet environnement hostile qui claque, grince, brouhahate.
Je sors avec mon enclume à la main (enfin, ma valise, mais elle est lourde).
Téléphone vissé à l'oreille, cigarette greffée aux doigts, ils sont innombrables, plongés dans l'indifférence, sans un regard à croiser.
Plus loin, c'est la cour des miracles. Matelas au sol, vautrés sur des couvertures crasseuse, à moitié dévêtus (et je ne précise pas quelle partie du corps n'est pas vêtue), ils sont une bonne vingtaine, en petits groupes, l'air hébété, à mourir dans quelque "paradis" artificiel.
J'ai travaillé assez longtemps dans le social pour savoir que s'il faut moins de 3 jours pour "faire un clochard", des mois (voire des années) sont nécessaires pour en remettre un debout.
Il faudrait des armées de St Martin... des "Armées du Salut".
Et puis, je la vois... ou plutôt, je ne la vois pas : fantôme errant dans la foule, enfermée dans sa prison de toile, son suaire à grillage. J'ai beau être foncièrement convaincu qu'une femme a le droit de se vêtir décemment pour se rendre dans des espaces publics (et culturellement, la notion de décence est très variable d'une région du globe à l'autre), j'ai un choc. De quoi donner raison aux "ayatollahs du laïcisme à la française". Ce n'est plus de la décence, c'est de la sujétion, une négation de la personnalité. Ce ne sont plus des femmes, des personnes humaines : ce sont des masses de chiffon, des choses anonymes, interchangeables.
Avec nostalgie (déjà !) je songe à ma campagne, où les exigences de la "décence" ne dépassent pas le "foulard", laissant voir le visage, les yeux, permettant un endroit de rencontre entre humains.
Mais (enfin !) le train est annoncé, et j'abandonne lâchement et avec soulagement ce monde étrange.