Confusion

Publié le par Albocicade

 
Je lisais, il y a quelques temps, un livre de 1976 intitulé "la névrose chrétienne".
L'auteur, médecin généraliste spécialisé en psychiatrie, après avoir décrit un certain nombre de cas cliniques dont il a eu à s'occuper dans des milieux catholiques (prêtres, religieux, laïcs) en vient à poser une analyse sur l'origine de ces troubles : l'éducation.
Une éducation "chrétienne traditionnelle" qui, en imposant des règles rigides a construit ces personnes "du dehors" et non pas "du dedans" et qui les amène à exposer aux regards d'autrui une "façade" de respectabilité tout en refoulant tout ce qui ne "cadre" pas avec l'image qu'ils doivent donner d'eux-mêmes . Bref, un "surmoi" hypertrophié, envahissant.
L'analyse, basée sur des observations clinique, serait juste si…
S'il n'y avait pas confusion chez ce bon docteur (mais aussi, probablement chez ses patients) entre "chrétien" et "bourgeois".
En effet, feuilletant un "Guide des bons usages dans la vie moderne" de 1952 (donc, nous sommes bien dans la période précédent directement l'ouvrage du bon docteur Solignac) , je trouve, posément énoncés, tous les ingrédients pour faire une éducation rigide, traditionnelle et de façade.
 
En effet, s'il y a un problème, "tout doit se passer dans le silence et la maîtrise de soi". Jamais de "correction, claque ou fouet devant un étranger" au cercle familial.
L'éducation doit être "strictement à huis clos".
D'une manière générale, "l'enfant s'abstient de tout commentaire"…
Au point que si l'enfant "est oublié pendant le service, il ne réclamera rien et attendra stoïquement qu'on s'aperçoive de l'omission".
Et si l'enfant est amené à s'exprimer, "ne laissez pas vos enfants tutoyer à tort et à travers. Apprenez leur le joli vouvoiement. Vous y parviendrez aisément en les vouvoyant vous même pendant les deux premières années"..
Et tout est à l'avenant, dénonçant ce qui est "très vulgaire", "ennuyeux", un "manque de savoir vivre", établissant des niveaux de valeur stricts, préconisant une douce hypocrisie "pour faire plaisir"…
Or, ce livre n'a absolument rien de chrétien. Il suppose, parfois, que l'on peut se trouver en présence de "catholiques" ou de "protestants" ou "d'Israélites". Sans plus.
Alors, névrose chrétienne, ou névrose "mondaine", névrose de classe ?
Certes, l'éducation est bien en cause.
Mais il y a lieu de faire la part des choses entre la culture (fut-elle de classe) et la foi chrétienne.
 

Publié dans Vie quotidienne

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