Fête aigre-douce
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De nouveau le dimanche des Palmes. De nouveau, des rameaux sont agités pour accueillir le Roi de gloire. De nouveau le "dimanche du hosanna".
Pourtant, de toutes les fêtes, c'est peut-être la plus ambigüe.
Comme on trouve dans la liturgie malankare :
"Chantez pour lui, chantez pour lui,
chantez des louanges au Fils de Dieu :
c'est pour cette louange qu'il vous a créé,
pourquoi ne le louez-vous pas ?"
Oui, on voudrait se lancer à cœur perdu dans cette acclamation, mais on sait bien que celui qui est acclamé aujourd'hui sera trahi demain.
Trahi, et pas seulement par "eux", pas seulement par "les autres".
J'aimerais – ne serait-ce qu'une fois – être amnésique, afin ne plus savoir toutes mes médiocres trahisons, toutes mes minables lâchetés, ne plus m'en souvenir et pouvoir croire que demain ne sera pas comme cela. Alors, croyant que ma sincérité du moment présagera d'une fidélité sans faille, je pourrais louer l'humble roi glorieux à en perdre la voix, à m'en éclater l'âme en toute bonne conscience.
Mais ce que j'aimerais alors, ce serait une illusion, un mensonge. Et Dieu n'est pas le Dieu du mensonge. Ce n'est pas une âme bien proprette que je peux lui offrir. Tant pis : d'un cœur humilié et broyé, il n'a pas de mépris.
Alors, j'irai au bord du chemin, et si ma voix ne clamera pas, je le regarderai passer, sachant que c'est pour nous qu'il prend ce chemin... jusqu'à la Résurrection.
NB :
Pour ce jour, j'ai choisi ce fragment de fresque, de 61 cm sur 67 cm provenant de l'ancienne Eglise de Qosho (Gaochang), dans l'oasis de Tourfan au Turkestan oriental, qui fut redécouverte au début du XX° siècle. On y voit trois personnes en procession – deux hommes et une femme – portant des palmes et se présentant devant un prêtre tenant un calice et un encensoir. Les tenues vestimentaires et les coiffures correpondent à la période Tang. Ce fragment de fresque est conservé à Berlin, au Museum fur Asiatische Kunst, Berlin (MIK III 6911).
Bien sûr, j'aurais pu prendre une autre fresque comme celle-ci provenant du monastère de Périvleptos à Mystra, dans le Péloponnèse, mais il fallait choisir, n'est-ce pas ?
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