Les douze apôtres (ou pas !)

Publié le par Albocicade

Je lis, dans les comptes des arsenaux de Dôle pour la période de 1597 à 1663 une curieuse expression.
En effet, après la mention d'une "pièce de batterie appelée double canon de Tremblecourt" sur laquelle est gravée l'indication qu'au 13 Août 1555 ce canon avait tiré 220 coups en 9 heures, et l'indication d'un autre double canon de type "Tremblecourt", je lis :
"Une pièce de trois livres de balles (c'est une de celles qu'on appelle les douze Apôtres)".
Fichtre, la chose est curieuse.
D'autant plus que d'autres mentions de ces "douze apôtres" se retrouvent par quatre autres fois dans les lignes qui suivent.
J'ai beau savoir qu'un général confédéré n'avait rien trouvé de mieux que de nommer les quatre canons de sa batterie des noms des évangélistes, et que le bienveillant Séraphim de Sarov a été déclaré "saint patron de la force de frappe nucléaire russe", ce genre de rapprochement me laisse toujours abasourdi.
Car enfin, que sont ces "douze apôtres" ? Des tubes en bois que l'on peut boucher, dont la contenance correspond précisément à la charge de poudre noire pour tirer un coup de feu au mousquet, après quoi il fallait recharger.
Ces tubes étaient donc remplis à l'avance et suspendus prêts à l'emploi sur une sorte de bandoulière qui comportait en outre une sacoche pour les balles. Douze tubes, douze "apôtres" à donner la mort.
Oh, je sais bien, "si vis pacem, para bellum" comme on disait dans ma jeunesse. Et même, un des ouvrages les plus instructifs que j'ai pu lire est précisément "L'art de la guerre" de Sun Tzu. Tout cela, quoique aspirant désespérément après une vie de paix, je peux le comprendre.
Mais cette manie de mélanger l'Evangile avec les techniques pour générer des crânes éclatés, des entrailles répandues au vol des mouches d'été, des blessés, estropiés et gueules cassées, franchement, tout ça me débecquette.
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