La survie de Mme Noreen

Publié le par Albocicade

Elle s'appelle Aasiyah Noreen, mais elle est connue dans le monde entier sous le surnom de Asia Bibi.

J'en avais parlé en 2010, 2011, 2015 et 2016.

Incarcérée en juin 2009, condamnée à mort pour "blasphème" en  novembre 2010, elle a vécu un calvaire de plus de neuf années.

Dans les premiers siècles de l'Eglise, on distinguait deux types de personnes ayant souffert pour le Christ : les martyrs et les confesseurs.

Ceux – celles – qui avaient été mis à mort soit par la populace déchaînée, soit par une exécution officielle à la suite d'un procès pour la seule raison qu'ils (elles) étaient chrétien(ne)s étaient considérés comme des martyr(e)s.[1] La liste de leurs noms emplit en caractères serrés les innombrables pages des martyrologes, et il faudrait encore y ajouter nombre de ces assassinats n'ont laissé aucune trace écrite.

Et il y avait les autres. Celles et ceux qui, après emprisonnement, humiliations, brutalités voire tortures ont finalement été relâchés, sans qu'ils aient renié le Christ, sans qu'ils aient donné raison à leurs bourreaux. Ceux-là étaient qualifiés de "Confesseurs".

Après huit années sous la menace d'une "exécution"[2], Asia Bibi a finalement été acquittée : les juges de la Cours Suprême du Pakistan  n'ont pas jugé que ce qui était reproché à Asia Bibi était constitutif d'un blasphème, ils n'ont pas jugé que cela suffisait à la faire exécuter. Il faut saluer le courage de ces juges qui – ils le savent – ont risqué leur vie en prononçant ce verdict.

Un verdict juste, sans le moindre doute.

Mais que va-t-elle devenir ?

L'annonce du verdict a été perçu comme un "déni de justice" par les mouvement fondamentalistes islamiques du Pakistan, qui ont réclamé un autre procès, qui devait nécessairement aboutir à la mise à mort de cette femme de 49 ans.

Elle aurait depuis été sortie de prison et emmenée dans un lieu tenu secret, pour sa sécurité.

Tout ça pour un verre d'eau !

Espérons qu'elle pourra être accueillie dans un autre pays, qu'elle pourra y vivre (sous une identité d'emprunt, bien sûr) sans se faire assassiner par un de ces innombrables fanatiques qui semblent ne trouver de réconfort que dans le malheur d'autrui.

 

Les paroles qui lui ont valu une condamnation à mort sont

"Mahomet n'approuverait pas votre manière de faire"

lorsqu'il lui fut reproché d'avoir "souillé" l'eau du puits par le simple fait qu'elle en avait bu, puis, lorsque ses compagnes de travail au champs lui enjoignaient de renoncer à être chrétienne pour devenir musulman, elle aurait dit

 

"Jésus est mort sur la croix pour racheter les péchés du monde,

qu'a fait Mohammed pour vous ?"

 

Confesseur de la foi !

 

Mais gageons que même si elle échappe, avec sa famille, à un assassinat en règle, les fanatiques continueront à persécuter les chrétiens du Pakistan.

 

Notes :

[1] Que l'on me pardonne cet usage de l'écriture inclusive (qui n'est guère dans mes habitudes) mais les femmes ne furent pas plus épargnées que les hommes par cette barbarie.

[2] Condamnée à mort par pendaison en 2010, verdict confirmé en appel en 2014. Sa demande de révision en 2015 voit le procès, prévu en 2016, ajourné et reporté à une date indéterminée. Il n'a lieu qu'en 2018, et l'énoncé du verdict est même reporté de quelques jours... Au cours de toutes ces années, elle aurait pu bénéficier de la grâce présidentielle.

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