L'interview.

Publié le par Albocicade

Il y a quelques mois – en fait, précisément au moment où j'étais épuisé plus que de raison – j'ai été sollicité pour répondre à une interview sur la spiritualité orthodoxe. La demande émanant d'une revue protestante à laquelle il m'arrive de collaborer par la production de quelques commentaires sur des textes bibliques, il m'était difficile de me défausser, quand bien même je ne suis un spécialiste de rien, et surtout pas de spiritualité.

Une journaliste expérimentée me contacta donc, m'envoyant une brève trame à laquelle il m'était loisible de répondre par écrit ou, si je le souhaitais, par téléphone. Encore une fois, mon état de fatigue ne me permettant pas de rassembler suffisamment mes idées pour en faire une synthèse idoine, j'optais pour l'entretien téléphonique.

La journaliste, aussi protestante qu'affable, fit de son mieux pour suivre un propos sans aucun doute trop décousu, demandant de préciser tel point, de revenir sur tel autre...

De fait, l'univers de l'Eglise orthodoxe, avec ses icônes, sa Liturgie, sa Tradition ou son hésychasme lui était substantiellement étranger, et je fis de mon mieux – du moins, c'est ce que je crus sur le moment – pour rendre cela quelque peu accessible.

Quelques semaines plus tard, je recevais la synthèse de cet entretien et... funérailles ! Avais-je vraiment dit cela ? Et sur ce ton ?

Car, au bout de quelques lignes à peine, le constat s'imposait : je ne me reconnaissais absolument pas dans la restitution. D'un autre côté, je ne pouvais accuser la journaliste d'avoir sciemment déformé mes propos : je lui avais livré du vrac qu'elle avait tenté d'ordonner, d'organiser en un propos cohérent, sans pratiquer de censure.

Bon gré mal gré, il me fallut reprendre intégralement le texte, étoffant ici, retranchant là, assouplissant l'expression ailleurs afin d'avoir au final le sentiment de donner à lire un texte qui ne soit pas trop abrupt, pas trop ardu pour des personnes qui n'ont qu'une idée fort vague et généralement déformée à l'extrême de ce que peut être l'église orthodoxe.

Je ne sais pas exactement dans combien de mois cette interview paraîtra, mais si j'y pense, je vous la partagerai.

N'empêche, la leçon que j'en retiens pour le moment – (et pourtant, je le sais !) – c'est à quel point la communication est un art difficile, et je suis infiniment reconnaissant à mon intervieweuse d'avoir accepté sans sourciller que je réécrive son travail.

 

Publié dans Vie quotidienne

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