Vêpres de l'agenouillement
Christ est ressuscité !
Durant presque deux mois, depuis Pâque, en fait, nous avons répété à tout venant cette joyeuse nouvelle de la résurrection du Sauveur[1]. Faisant fi de notre pesanteur, de notre lourdeur, nous sommes restés debout, "relevés" : ce n'était pas le temps de la prosternation, de l'agenouillement, des métanies et des larmes du repentir : c'était le temps d'anticipation du royaume. Mais il y aurait danger à le prolonger indéfiniment, de Pâque en Pâque. Danger de l'illusion d'une part, puisque qu'on le veuille ou non, nous restons – hélas – pécheurs, et faire "comme ci ce n'était pas le cas" serait se mentir, et mentir à tout ; danger de l'exclusion d'autre part, car comment se sentir "à sa place" dans une église qui se prétendrait composée de purs alors que l'on vit en soi-même ce déchirement ?
Alors, après l'office de la Pentecôte, nous avons les "Vêpres de l'agenouillement" : un temps où – puisque nous ne sommes pas encore dans le Royaume de Dieu – nous pouvons nous prosterner, attendant que de nos coeurs de pierre, Dieu fasse des coeurs de chair[2], que de ces pierres insensibles que nous sommes, il suscite des enfant à Abraham le Croyant[3] :
Maintenant donc écoute notre supplication et souviens-toi de nous, tes humbles serviteurs, si dignes de condamnation; fais revenir nos âmes captives, toi dont la tendresse intercède pour nous, accueille-nous, qui nous prosternons devant toi et te crions: "Nous avons péché."
Belle fête de Pentecôte
Au fait, l'image est "Cairn", une oeuvre de Celeste Roberge...
Notes :
[1] Ou du moins, nous aurions pu le faire, et probablement, nous aurions été bien avisés de le faire...
[2] voir le Livre d'Ezéchiel 36.26