Un coup d'oeil à la fin
Mine de rien, il y a certains de mes projets qui – sans faire grand bruit – avancent.
Ainsi, je me suis lancé dans une petite recherche sur ces fresques des "Sages" de l'Antiquité dans les monastères orthodoxes : plus fréquents que je ne pensais au départ, et surtout, très codifiés : un peu comme les Sibylles, ils sont considérés comme des annonciateurs du Christ Sauveur pour le monde païen. Aussi, s'ils ont droit à une place dans les fresques, ils n'ont toutefois pas accès au nimbe.
La question de leur identité est plus complexe : si certains, bien connus, ont droit à une place d'office, d'autres ont une présence aléatoire. Quand il n'y a pas confusion sur les noms.
Par exemple, est-ce Philon (Juif d'Alexandrie, contemporain du Christ) ou Chilon (sage présocratique) que l'on rencontre sous le qualificatifs de "Philologue" sur ces fresques ?
Alors que je me débattais avec cette question, un correspondant m'indiqua un article en russe qui, malgré plusieurs erreurs (du genre, confondre Jessé et Isaïe !) me permit d'avoir confirmation que le "philologue" que l'on voit à Iviron (et en haut de ce billet) est bien Chilon le Lacédémonien.
Du coup, pour aller un peu plus avant, je me suis mis à chercher... en russe. Et j'ai eu la bonne fortune de trouver un autre article en russe sur "mes" philosophes, mais à Jérusalem cette fois-ci, au "Monastère de la Sainte Croix". A vrai dire, il y a quelque chose de fastidieux à déchiffrer un article dans une langue que je ne maîtrise pas. Aussi ai-je été bien attrapé quand, à la fin, je tombai sur cette phrase : "traduit de l'anglais par..."
A ce moment-là, je me suis dit que j'aurais du commencer par la fin[1].
D'autant que, sur une fresque de la Grande Laure[2], j'ai trouvé un "Sage grec" identifié comme "Dialid" (ΔΙΑΛΗΔ), un nom qui ne me rappelait rien. Après m'être renseigné auprès de quelqu'un de compétent en la matière[3], je n'étais pas plus avancé : ce "Dialid" semblait inconnu au bataillon. Google étant un outil formidable, je finis toutefois à dénicher une étude sur cet énigmatique Sage, sobrement intitulé "Το πρόβλημα μιας μορφής Έλληνος φιλοσόφου". Parce que oui, ce coup-ci, l'article est en grec. M'armant de courage, de patience (et aussi de "google translate"), je me mis en devoir de parcourir cette étude qui, sans emporter totalement l'adhésion, ouvre vraiment des perspectives intéressantes. Ce n'est qu'arrivé à la fin de l'article, au bout d'une douzaines de pages dont certaines me restaient obstinément obscures, que je découvris un copieux résumé de deux pages... en français.
Bref, je crois que la prochaine fois que je tombe sur un article dans une langue qui ne m'est pas familière, je foncerai jeter un oeil tout à la fin, au cas où s'y trouverait de quoi perdre moins de temps.
Notes
[1] Bon, de toutes façons, je n'ai pas réussi à dénicher le texte source en anglais. Du coup, je n'ai pas totalement perdu mon temps.
[2] La "Grande Laure", premier monastère de l'Athos
[3] On lui doit un gros "Dictionnaire des philosophes antiques" en plusieurs volumes