Le concile panorthodoxe

En ce moment se tient, en Crète, un concile ayant pour vocation de statuer sur un certain nombre de questions débattues au sein des églises orthodoxes.
Un concile qui, s'il réunit la plupart des Eglises orthodoxes est toutefois boudé par plusieurs, à savoir les patriarcats de Moscou, d'Antioche, de Bulgarie et de Géorgie.
Il y a quelques temps – au mois de mars, pour être précis –, un aimable correspondant m'a envoyé un texte d'un ancien higoumène d'Iviron s'interrogeant sur ce qui sortirait de cette rencontre. Ce correspondant me demandait mon avis à cette occasion. Je vous partage ma réponse d'alors.
Cher ami,
J'ai effectivement entendu parler (comme tout un chacun) de ce concile à venir. Certaines personnes que j'ai en grande estime en attendent et espèrent beaucoup. Pour moi, cela me paraît très "lointain", et pour tout dire, trop élevé pour ma pauvre tête. Je n'ai pas vraiment compris les enjeux ni les attentes... je redoute surtout un résultat en forme de division. Mais tout cela est bien au-delà de ce que je peux comprendre. D'ailleurs, je suis loin de tout ce que l'Eglise compte d'évêques et autres hiérarques dans ma petite paroisse de province, et même loin des savants : nous vivons à un petit rythme liturgique, et c'est cela pour moi l'Eglise... je veux dire l'expression "locale" de l'Eglise. Des gens plus sages et plus saints que moi (bon, ils n'ont pas de mal, je dois le reconnaître) préparent ce concile depuis des décennies... que l'Esprit saint guide. Pour moi, ma place n'y est pas (ou alors, je n'en ai pas encore été informé)... donc, orteil je suis, et ne me prends pas pour l'oeil. Je fais ce que je crois savoir faire, ou du moins, ce que je crois avoir à faire le moins mal possible - et que Dieu me vienne en aide - ; pour le reste (et surtout des choses aussi importantes que ce concile), je m'en tiens à la devise "cordonnier pas plus haut que le soulier".
C'est donc dans cet esprit que j'ai lu le texte de P. Basile. Je comprends fort bien sa préoccupation que la "substance de l'Eglise" ne se perde pas au profit de "formes"... peut-être que cette "substance", cette "vie" s'exprimera de manière juste aussi par ce concile... La sainteté n'est pas ce qu'il y a de plus répandu parmi les humains (qu'ils soient hiérarques ou non importe peu) mais l'Eglise sait faire son miel des antagonismes les plus marqués, elle qui reconnaît la sainteté concomitante de St Jean Chrysostome et de St Epiphane de Salamine - qui ne s'aimaient pas avec trop de tendresse, ou de St Nil Sorsky et de St Joseph de Volokolamsk (qui eux non plus ne s'appréciaient guère...)
Alors, du haut de mon incompétence, je reste sur mon rocher.
Non pour juger qui que ce soit, mais pour ne pas encombrer ceux qui - par leurs compétences - ont un avis. "Quand les adultes parlent, les enfants se taisent".