Prières communes ?
13 novembre2015, attentats. La France sous le choc.
Sur les réseaux sociaux, apparaissent les mots #prayforparis (ce qui a même agacé certains irréductibles de l'athéisme à la française).
De fait, des prières "officielles" – c'est à dire mêlant en un même lieu rabbins et pasteurs, prêtres et imams – furent organisées ; acte sans doute plus sociétal que proprement spirituel.
Quelle ne fut pas ma surprise de lire (où ? Je n'en sais fichtre rien !) une tribune hargneuse contre l'une de ces réunions. Ce qui, en fait me surprit, c'est que l'agacé de service ne reprochait pas à cette rencontre son côté que l'on pourrait qualifier de syncrétiste, mais un point presque technique : l'emploi de la "fatiha", ce texte qui ouvre le coran et qui est une partie intégrante, incontournable de toute prière rituelle dans l'islam. Or, selon l'énervé, une telle prière ne serait – étant donné son interprétation majoritaire au sein de l'islam – rien d'autre qu'une imprécation contre juifs et chrétiens.
Mine de rien, ce reproche sévère m'interrogea, et plutôt que de l'imputer a priori à la mauvaise humeur ou à quelque racisme larvé, je me mis en recherche.
Ma méthode d'investigation fut – volontairement – celle du naïf : je n'ai pas voulu fouiller pour voir dans l'islam quelle serait l'interprétation la plus juste, la plus respectable, mais au contraire (si je peux dire) faire une recherche superficielle, du type de celle qu'un néophyte curieux pourrait faire. J'ai dont tapé "explication fatiha" sur Google.
Le résultat fut... édifiant.
Sur les sept explications différentes que j'ai trouvées en quelques clics, six indiquaient que "ceux qui ont encouru la colère de Dieu" sont "les juifs", et que "les égarés" sont "les chrétiens", ce qui est, pour le moins, inamical.
Aussi, il ne m'a pas semblé inutile de rassembler le résultat de cette recherche volontairement superficielle, que j'ai bien toutefois complété d'une réflexion plus large sur son emploi dans les réunions interconfessionnelles...
Un document que j'ai donc placé sur Archive.
Ceci dit, je suis assez réticent par rapport aux "prières inter-religieuses" et, à choisir, je crois que je préfère simplement la Doumia, cette étrange bâtisse en forme de dôme, d'une absolue sobriété, que l'on trouve à Neve-Shalom (ou Wahat as-Salam, c'est le même village en Israël) dans laquelle chacun – quelles que soient ses croyances – est invité à prier... en silence.
NB :
L'image qui illustre ce billet est une calligraphie de la "fatiha" en arabe. Un oeil exercé remarquera immédiatement que la "basmala" y est considérée comme un préambule, et non comme appartenant à la fatiha. Cela arrive. Et pour la basmala, je ne peux que vous renvoyer (pour ceux qui ne l'auraient pas encore vue) à ma petite étude sur l'usage chrétien de cette formule "Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux".