Le temps des bidonvilles

Publié le par Albocicade

Il y a longtemps, au siècle dernier, j'ai entendu parler des bidonvilles.

Les bidonvilles, ces villes de bric et de broc, maisons de planches et de tôles, misérables abris faits de bâches tendues, protections dérisoires contre la pluie, inexistante contre le vent et le froid.

Les bidonvilles, massés aux portes des "vraies" villes, éléments incontournables de ce que nous – pays "développés" – appelions les "pays sous-développés".

Le temps a passé, les pays "sous-développés" sont devenus "en voie de développement", puis de "pays du Sud".

Puis, des guerres ont éclaté ici, là et encore ailleurs, avec leurs cortèges de fuyards, de "personnes déplacées" qu'il a fallu accueillir tant bien que mal, rassembler dans des "camps de réfugiés". Mais bien sûr, c'était loin, "par-delà les sept mers, les sept vallées et les sept montagnes"...

Oh, il y a bien eu, en France, au XXIe siècle, un camps d'accueil pour des migrants, mais un ministre de l'intérieur avisé a choisi de le fermer, appliquant sans doute le principe selon lequel on ne saurait parler de fièvre s'il n'y a pas de thermomètre pour la mesurer.

Ce ministre devint président, puis un autre lui succéda.

Aujourd'hui, je regarde vers le Nord brumeux et pluvieux, du côté de Calais, et je sais que là-bas, grâce à une politique publique aussi volontariste qu'ambitieuse, nous avons enfin nous aussi notre bidonville.

Et je ne sais pas pourquoi, mais je ne suis pas certain que ce soit un progrès.

Publié dans Cigale en colère

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