La moustache et le piano
Tard, après un long récital radiodiffusé, Maria est rentrée chez elle, s'est enfin couchée.
Calme, repos.
Quoique.. non. Des coups frappés à la porte la tirent du lit.
Des coups à la porte en pleine nuit, ce n'est jamais bon signe ; pas plus en Union Soviétique qu'ailleurs, peut-être même moins là qu'ailleurs.
Et là, nous sommes à Moscou, en 1943.
Elle ouvre, inquiète.
Immédiatement, des ordres : elle doit s'habiller, ne rien emporter, et les suivre. Pourtant, ce n'est pas une arrestation.
C'est juste que le très démocratique Joseph Staline, cachant son bon sourire dans sa moustache paternelle, avait entendu le récital à la radio, et en avait été ému. Au point de réclamer que - sur le champs - on lui trouve l'enregistrement de ce concerto de Mozart, le n° 23, dans cette interprétation.
Et comme le concerto n'avait pas été enregistré, il avait fallu improviser : aller réveiller les musiciens et techniciens en pleine nuit pour réaliser ledit enregistrement.
Ainsi commence la "légende" de Maria Yudina, pianiste virtuose, mais aussi chrétienne affirmée au coeur du régime soviétique athée.
A vrai dire, je n'en avais jamais entendu parler jusqu'au jour où, à la radio, une chanson au rythme saccadé, aux paroles syncopées. "Non je ne suis pas, non je ne suis pas Maria Yudina !"
Une chanson où il est question de marteaux (ceux qui vont avec la faucille, ou ceux de feutre du piano ?), de revolver, de rhapsodie, de résistance, de foi...
J'ai bien cherché un peu, sur la toile, mais je crains qu'une biographie digne de ce nom soit encore à écrire.
On trouvera, outre l'article wikipedia, et la mini bio en anglais du site "Bach Cantatas", quelques pages ici ou là qui permettent de se faire une petite idée sur ce qu'a pu être la vie de cette passionnée : Maria Yudina.
En attendant, un véritable MERCI à "La Grande Sophie" pour avoir fait revenir à la surface le nom de cette femme hors du commun.
Et la chanson ? Elle s'écoute ici, par exemple.