Dormition 2015
Une fois encore, j'aurais vu passer les fêtes fixes au loin, de mon poste de travail.
D'abord, il y a eu l'Annonciation, puis la Transfiguration, et maintenant... la Dormition.
Le genre de fête qui ne survient que "parfois" un dimanche, et pour tout dire, "pas souvent".
Alors, entre deux "interlocuteurs d'un instant" – et dans la mesure où la chose en carton bouilli qui me tient lieu de cerveau me le permet* – je médite en pointillé sur la fête.
La Dormition de la mère de Dieu...
"Encore une fête à Marie !" me disait naguère une amie protestante pour qui une telle solennité est au mieux hermétique, pour ne pas dire franchement scandaleuse, faute d'en percevoir le lien organique avec l'ensemble de l'oeuvre du salut.
La faute à des représentations catholiques, mariales au point d'en escamoter la présence du Christ ? Sans doute, au moins pour une bonne part.
La faute à une hyper réactivité protestante qui obture les oreilles, fait dresser les poils sur les bras et sortir les griffes dès qu'il est question de Marie ? Sans doute aussi.
Or, que nous montre l'icône de la fête ?
Le Christ en gloire venant chercher – tel un enfant nouveau né – l'âme de Marie défunte.
Marie... la "Mère de Dieu" ? Oui, celle qui a enfanté celui qui, par nature , est "véritablement Dieu et véritablement homme"**.
Marie... la "Toute sainte" ? Oui, celle qui, aussi, proclame que Dieu est son sauveur***.
Marie... "Plus vénérable que les chérubins et incomparablement plus glorieuse que les séraphins " ? Oui, puisque sa participation à l'oeuvre du salut [n'a t-t-elle pas porté en elle Celui que les Cieux ne peuvent contenir ?] lui donne une dignité unique. Mais aussi – et la théologie orthodoxe ne s'y est jamais trompée – une créature, un être humain parmi les autres. Un destin exceptionnel, certes, mais qui ne la retire pas de notre condition commune.
Alors, Marie, mortelle, meurt.
Et inversant les rôles, c'est son Fils (et son Dieu) qui vient porter cette âme, qui la fait passer "de la vie à la Vie".
Et ce qu'il advient de Marie, c'est aussi ce qui nous doit nous advenir. La Dormition, c'est tout à la fois la proclamation de la victoire du Christ sur la mort, et la promesse de notre propre accueil dans le paradis de Dieu.
Alors, belle et sainte fête à tous.
(avec, pour certains, une petite treizaine de jours d'avance)
Notes
* Oui, l'été reste un temps éprouvant pour moi, au boulot.
** Définition du Concile de Chalcédoine
*** Evangile de Luc 1.47